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Revue L’ami Calet

janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42 | par Philippe Savary

Europe N°883-884 (Henri Calet)

Les titres malicieux de ses livres rendraient plus d’un écrivain envieux : La Belle Lurette, Le Tout sur le tout, Rêver à la Suisse, Les Grandes Largeurs, etc. Sa petite musique aussi, sûrement, reconnaissable entre toutes. Sans afféteries, une écriture inventive, drôle, pudique, du désenchantement lucide. Henri Calet, ce sont des vies qui tiennent dans le creux de la main et qui fuient de partout la mélancolie, un regard à ras d’homme, le souffle d’une palpitation, des formules qui font mouche. Calet, c’est une voix : qui sait se faire désirer, sincère, vibrante. Elle dit la solitude de l’homme moderne, mais aussi sa résistance face à une époque qui cultive la vitesse, la bêtise et l’obscénité.
En rendant hommage à ce discret chroniqueur de l’avant et l’après-guerre (né en 1904, mort en 1956), Europe célèbre un écrivain précieux et attachant qui aimait la vie, « ce petit mot, d’une syllabe, presque un soupir » et les bons mots (la Suisse, disait-il, « le pays où l’on meurt en cueillant des edelweiss »). Oui, un drôle de type ce Calet, employé modèle, escroc, grand voyageur, amateur de femmes, rescapé de l’avortement, aux parents faux-monnayeurs, qui têta « du lait rouge au berceau » et qui commit au finale une œuvre si pleine d’humilité où toujours « la tendresse naît au spectacle de la brutalité », « le sourire tient tête du tragique. » Autobiographe des humbles, cet infatigable arpenteur du pavé parisien ne cessa dans ses romans et ses chroniques de vadrouiller autour de son passé. « Je suis à la fois mon héros et mon historien », écrivait-il. Toutes les contributions réunies ici dans ce volume (baptisé « colloque sentimental ») percent les contours d’un talent singulier. Ce qui retient : « la force émotive » de ses phrases qui prend « au dépourvu » (Pierre Pachet), son « auto-dérision » tout comme « le génie du détail qui navre » (Paul Fournel), une écriture « grattée jusqu’à l’os » et ce bonheur à « faire parler les mots de tous les jours » (Jean-Noël Blanc), ou encore sa capacité à « monter en épingle le quelconque, sans jamais retirer son épingle du jeu » (Pierre Vilar).
À lire ici la brillante étude sur la réception de son œuvre, l’auteur de Monsieur Paul ne laissait pas insensible la critique en son temps. Relayés par ses collaborations fort prisées dans les journaux (Combat, Terre des hommes), ses livres suscitaient l’enthousiasme et la véhémence. Reste une œuvre tissée dans la marge, que les courants et les théories (Sartre, Camus, le Nouveau Roman) éclipsèrent. Mais tout comme ses autres frères d’écriture - Raymond Guérin, Georges Hyvernaud ou Eugène Dabit, par exemple- « Calet est un homme pour notre temps, rappelle Michel P. Schmitt, il témoigne pour une éthique qui aide à sauver sa peau dans le monde de l’esprit effondré qui est le nôtre. »

Europe N°883-884
320 pages, 18,30
(4, rue Marie-Rose 75014 Paris)

L’ami Calet Par Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°42 , janvier 2003.
LMDA PDF n°42
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