Un enfant vit dans « un monde clos » : les « montagnes du soir », celles du Forez, le cernent. Ce monde, qui fut celui de L’Astrée, l’idyllique paysage des pastorales de Honoré d’Urfé, où « la beauté se dérobe »- ce monde meurt, avec ses paysans ou ses « forgerons crédules ». Comme chez Bergounioux, les années d’après-guerre s’emballent, déséquilibrent la sagesse séculaire, le rythme des saisons, que l’enfance
apprenait. Pourtant, et Lionel Bourg tente de s’y inscrire, « un autre temps, une dimension désormais caduque de la durée ou des façons de vivre réfractaires perdurent. » La parole poétique, alors, se fait repérage, arpentage. Là, comme dans la Bretagne des îles brumeuses ou des enclos paroissiaux, comme dans le plein midi sidérant du Lubéron, il convient d’arrêter le regard, et de s’armer de mots pour circonscrire ce qui fait face : aquarelles ou lavis -avec, en miroir, de belles huiles de Bruno
Danjoux- pour dire « tout un crachin d’émois », ou « indifférente à tout, la lumière ».
Les Montagnes du soir
Lionel Bourg
Cadex
104 pages, 15 €
Poésie Les Montagnes du soir
mai 2003 | Le Matricule des Anges n°44
Un livre
Les Montagnes du soir
Le Matricule des Anges n°44
, mai 2003.