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Poches Chacun le chien

juillet 2003 | Le Matricule des Anges n°45 | par Jean Laurenti

Assis dans une charrette de foin, le petit Andréas Sám surprend une conversation : son père parle de lui à un paysan, dévoilant ainsi un épisode de sa vie intime. Il éprouve alors la nécessité de se réapproprier son existence par le récit, de raconter en la mettant à distance « cette maudite chose qui le faisait maintenant rougir. (Restons à la troisième personne. Après tant d’années, Andréas Sám, ce n’est peut-être pas moi.) » Ce cycle de textes qui relate une enfance durant la guerre date de 1969. Il fait partie d’une trilogie autobiographique, Le Cirque de famille, qui comprend aussi Jardin, cendre et Sablier. À partir de 1976, Kis renoncera à ce matériau pour explorer le thème de la violence totalitaire avec Un tombeau pour Boris Davidovitch.
Dans Chagrins précoces, l’acte de raconter est étroitement lié à la notion de disparition. Parce qu’il tenait à terminer la lecture d’un livre pour en faire le récit à ses amis, Andréas oublie de surveiller les vaches dont il a la garde et perd Mandarine, la plus belle d’entre elles ; il doit aller la chercher sur le territoire de « la fée des bois », et sûrement disparaître à son tour. C’est ce qu’il confie à son chien Dingo, qui comprend son maître car il a appris de lui le langage humain. Dingo peut ainsi prendre en charge une part du récit, brosser un portrait de l’enfant, son presque frère, évoquer son « flair et son extrême sensibilité aux odeurs ». C’est en effet à travers elles qu’il perçoit le monde : « odeur lourde de trèfle et de camomille », ou de « piment rouge séché » laissée par une rose rouge qui meurt sous ses yeux, « odeur aigre de l’urine de cheval » dans l’obscurité d’une écurie.
Dans ce récit à l’écriture délicate et pudique, le malheur s’exprime par la litote : quatre chatons séparés de leur mère et donc condamnés, la valise d’Andréas lourde de papiers et de photographies (« les cendres tristes de mon père »). Ou encore une rue d’enfance qui a perdu son nom et toute trace de ses marronniers : « C’est parce que les marronniers, Madame, n’ont pas leurs propres souvenirs ».

Chagrins précoces
Danilo Kis
Traduit du serbo-croate par P. Delpech
Mille et une nuits - 125 p., 10

Chacun le chien Par Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°45 , juillet 2003.