Même si Zathura commence exactement là où finit Jumanji (L’École des loisirs, 1982), ce nouvel album de Chris Van Allsburg n’est pas une suite mais une variation sur un même thème. Cette fois, c’est Walter et son frère Danny qui ont trouvé la boîte de jeu de Jumanji abandonnée dans leur jardin. Vingt et un ans plus tard, les dés sont à nouveau jetés et le même phénomène se produit : tout ce qui est écrit sur les cartes se réalise dans la vie des enfants. Exit la Terre, direction la planète Zathura… Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? C’est la question que l’on se pose à la lecture de cet album. Là où Jumanji demeure incomparable dans la maîtrise du texte et de l’image, réussissant à provoquer un sentiment de peur quasi-panique chez le lecteur, on peut reprocher à Zathura de ne pas convaincre totalement à cause d’un texte sans profondeur et trop rapide qui a pour effet de ne pas créer l’atmosphère angoissante qui conviendrait à cette histoire. Il n’en demeure pas moins que les illustrations de Chris Van Allsburg sont remarquables et excellent là où le verbe échoue. Comme pour Jumanji, l’auteur a choisi le dessin au crayon à papier et à l’encre noire. Du noir, des gris et peu de blanc qui renforcent l’idée d’un vide sidéral qui ne laisse voir aucune issue possible (la maison familiale elle-même dérive dans l’univers intergalactique). Des illustrations expressives, des perspectives inattendues qui provoquent une sensation à la fois de vertige (l’infinité de l’espace qui terrorise les enfants) et d’étouffement (l’espace limité de la maison où sont confinés les deux frères). Le malaise est garanti. Sans conteste, Chris Van Allsburg est un maître dans l’art de l’illustration.
Zathura
Chris Van Allsburg
L’École des loisirs
n.p., 13 €
Jeunesse Les dés sont jetés
novembre 2003 | Le Matricule des Anges n°48
| par
Malika Person
Les dés sont jetés
Par
Malika Person
Le Matricule des Anges n°48
, novembre 2003.