Portraits / Visages : le titre de l’exposition jusqu’à la mi-janvier 2004 à la Bibliothèque nationale de France que consacre cet ouvrage indique bien comment de tels termes s’accompagnent ou s’opposent. L’avènement de la photographie a enrichi cette opposition fraternelle, puisqu’elle a permis de fixer avec fidélité l’apparence d’un individu tout en laissant supposer, toute « prise de vue » semble vouloir le prouver, qu’il s’agit là d’un modèle « idéal ». Le fonds de photographie de la BNF, le plus important d’Europe, permet ainsi d’interroger ce rapport, et de le faire à travers l’ensemble des courants, artistes ou procédés qui ont existé depuis 1853. Après « comment représenter l’humain » qu’interroge la peinture jusqu’à la distorsion, la photographie précise la question devant le sujet : « Qu’est-ce qu’un être humain ? » et surtout « Que signifie un visage ? » Car entre apparition d’un visage et approche du portrait, la photographie est mise en question. Devant ces portraits et autoportraits, différents regards critiques proposent de dégager les lignes de force d’un art, qui par la « reproduction » n’en finit pas de troubler notre interprétation de la réalité. On peut à ce titre citer Maurice Blanchot, comme le fait Anne Biroleau dans son texte « La véritable image » : « La ressemblance n’est pas un moyen d’imiter la vie, mais plutôt de la rendre inaccessible, de l’établir dans un double fixe, qui, lui, échappe à la vie ». Les travaux de Paul Strand, André Kertesz, Raoul Ubac, Diane Arbus, Rosella Bellusci, Ralph Gibson ou Xavier Zimmerman permettent d’attirer notre regard sur ces ambiguïtés.
Portraits/Visages (1853-2003) de Sylvie Aubenas
et Anne Biroleau Gallimard, 192 pages, 40 €
Arts et lettres Images de soi
novembre 2003 | Le Matricule des Anges n°48
| par
Maïa Bouteillet
Images de soi
Par
Maïa Bouteillet
Le Matricule des Anges n°48
, novembre 2003.