Rue Saint Ambroise N°12
Il y a dans la revue de création littéraire (trimestrielle) Rue Saint Ambroise un souci de faire simple, de ne pas parasiter inutilement les textes de fiction proposés. Pas d’édito, pas de thème apparent, pas d’illustration, un bref sommaire, seuls en fin d’ouvrage des repères bibliographiques assurent le suivi des onze auteurs. Parmi eux, deux ont choisi de travailler sur la langue, soit en déstructurant peu à peu mots et phrases comme François Léonarte dans Père/fils/pute, soit en se jouant joliment du langage à l’instar de Jacques Barbaut et son Historiette en sept saynètes. « Il commença sa pénible carrière par un banal étranglement ça se conclut par un déchaînement de rage à déchiqueter. De la serrer à lacérer ». Si les autres auteurs proposent des écritures plus conventionnelles, certains ont choisi de privilégier l’inversion. Inversion du sens chez Sébastien Doubinsky, dans son très fin Gai, gai, marions-les où un couple qui se donne rendez-vous pour se séparer, se retrouve entouré de joyeux fêtards qui les obligent à s’embrasser ou encore chez Gérard Merveille et son Dernier appel dans lequel un type prend deux stoppeurs dans sa voiture. Ceux-ci l’agressent, lui, leur demande de le trucider. Enfin, inversion du conte pour l’excellent Les Nains d’Isabelle Sojfer où une calamiteuse jeune fugueuse squatte chez des êtres de petite taille.
Rue Saint Ambroise N°12 135 pages, 8 € (7 bis, rue Saint-Ambroise, 75011 Paris)