Les Épisodes N°16/17

Les gens désespérés sont-ils forcément les gens les plus beaux ? Pas tous. Certains et notamment Raymond Cousse, impossible à vivre, ignoré par la critique parce qu’un tantinet chiant, lucide, mordant et fort en gueule méritent que l’on s’attarde sur eux. Ce que fait le nouveau numéro des Épisodes, en proposant une très sensible présentation de Jean-Luc Bitton, avec qui il avait travaillé sur Emmanuel Bove (Raymond Cousse ou le refus d’obtempérer), des extraits de son Journal et des lettres inédites de sa correspondance avec Samuel Beckett. Ainsi qu’un texte singulier et fulgurant de Claro sur Beckett, intitulé L’Anonymable. Raymond Cousse, l’auteur de Stratégie pour deux jambons, né en 1942, portait en lui un énorme mal de vivre, passa une partie de sa vie à se remplir pour donner le change, boire, écrire, faire l’acteur, faire l’obèse, puis se suicida en 1991. « Je hais l’espèce humaine en général, mais ne puis m’empêcher de l’aimer dans le détail. » (L’Envers vaut l’endroit, Le Dilettante, 1986). Mais la revue ne s’arrête pas là et propose aussi d’excellentes nouvelles, notamment celle de l’Américain Léonards Michaels et son pudique, destroy et émouvant Salut Jack. Et Lola Gruber avec Le Même en mieux démontre brillamment qu’un amant en cache toujours un autre.
Les Épisodes N° 17 141 pages, 10 € ( 83, rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris )