C’est un premier recueil qui a des allures de bilan. Un long poème modulé en neuf mouvements composés chacun de huit à quatorze textes qui peuvent se lire séparément. Le balisage d’un cheminement (l’auteur est né en 1956). D’étranges équilibres de mots hésitant entre le totem et la stèle. Du sculpté, de l’évidé, du dénoué. Des mobiles que le vent traverse. Un désabusement élégant sur fond d’inconfort et d’étrangeté. « ce qui cède en nous/ nous féconde// forêt d’ancêtres/ réponse d’ange// au-delà s’accomplit/ l’indissoluble suitée// si ténue soit/ la bride// nos pliures/ se dénouent// semez l’envie// cavaliers infidèles/ de la rosée// fuse ici/ courtoise fontaine ». Des poèmes qui disent l’impossibilité douloureuse d’être innocemment au monde, qui jouent du paradoxe, s’ouvrent à quelques vérités trop souvent bâillonnées.
Dépassant les dissonances, l’amertume, la duplicité, et mettant du jeu et du Je entre les articulations de ce qui nous contraint, Christian Fumeron remet l’homme à sa place, au sein des quatre éléments, dans une nature rendue à son chiffre intérieur. Des poèmes qui ont quelque chose de la beauté d’un geste qu’on sait parfaitement inutile. « fouillé l’aube entre/ les fougères du vent// observé/ à sa naissance// un fruit sans fin// habité/ une intention// sur ma chaise bancale/ le crâne des civilités// la distante hache// bu à la santé/ d’un malheur efficace// advient ce qui est ».
Le Vent gouverne de Christian Fumeron
Champ Vallon, 128 pages, 12 €
Poésie Attention au vent
juillet 2004 | Le Matricule des Anges n°55
| par
Richard Blin
Un livre
Attention au vent
Par
Richard Blin
Le Matricule des Anges n°55
, juillet 2004.