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Histoire littéraire Des fruits délectables

juillet 2004 | Le Matricule des Anges n°55 | par Anton Gribouriov

Critique et romancier belge, Jean-Baptiste Baronian donne un recueil de ses lectures buissonnières. Prosélyte en diable, il y rend leur lustre à des livres de première nécessité.

Une bibliothèque excentrique

Si l’on en croit le sinologue François Cheng, la voie excentrique des peintres chinois met en évidence cet apparent paradoxe que le cœur des œuvres réside dans leurs marges, dans leur part discrète ou exotique si l’on veut. On est ici prêt à lui accorder foi et Jean-Baptiste Baronian nous donnera raison puisqu’en titrant Une bibliothèque excentrique son nouveau livre, il le voue au repêchage de grands, bons et gracieux livres méconnus des littératures de France et de Belgique.
Ce recueil de chroniques présente le net avantage d’offrir un double plaisir. D’abord, il est l’occasion de se régaler à nouveau des pages de Baronian qui sait admirablement distiller ses joies de lecteur, ensuite il permet d’envisager un avenir radieux au milieu de bons bouquins qui faute de trouver acquéreur informé ou simplement malicieux se laisseront ramasser sans difficulté chez Emmaüs ou, pour les plus rares, chez les librairies d’occasion assez malins pour en tenir un stock. Tout à sa vocation d’ « écrivain de lectures » (« Readingwriter », la formule est de Dominique Poncet qui l’ajoute à notre vocabulaire enrichi depuis quelque temps déjà de son frère « Travelwriter », l’écrivain-voyageur), Jean-Baptiste Baronian recentre nos intérêts en rappelant d’un même coup les existences d’écrivains bien lisibles et leur livre majeur, celui qui reste à son goût, fût-ce pour quelques pages, une ambiance, un imbroglio du récit. Ainsi, par des voies diverses reviennent à nos pupilles les noms chéris d’Albert Glatigny, d’Ernest d’Hervilly, disciple de Banville et maître un temps du pauvre Lélian, du maritime Pierre Humbourg (Tous feux éteints, 1928), de Léon Gozlan, de John-Antoine Nau, du délicieux Robert Ganzo ou d’Augusto Gilbert de Voisins dont le meilleur n’est peut-être donc pas ce Bar de la fourche si souvent cité. Et bien lisons Le Démon secret (1907), puisque Baronian, tellement féru de lettres fantastiques, nous le conseille.
Avec un tel spécialiste de la lecture tous azimuts, les pures et bonnes surprises foisonnent, évidemment. Comment ne pas s’inquiéter désormais de l’Incantation aux fossiles (1948), le pamphlet du compositeur Arthur Honegger rageant contre la grande misère de la musique contemporaine ? Comment résister aux attraits d’un Simenon répudié (Les Nolépitois), de La Diabolique Aventure de Julien de la Doës, ou de l’autobiographie fictive conçue par Claude Ferny (1906-1978) sous le titre de J’étais Jack l’Eventreur. Sans être aussi tournante que celle de Chaffiol-Debillemont, l’érudit d’autrefois, la Bibliothèque excentrique de Baronian donne un vrai tournis. Et puis elle ouvre diablement l’appétit. Elle pousserait à dépeupler les bibliothèques publiques des trente-trois opus qu’il a choisi de mettre en vitrine. Depuis l’anonyme Rôti-cochon (XVIIe) jusqu’aux Poézies (1990), folâtres poèmes signés par le réalisateur Michel Deville.
C’est sans conteste une grande leçon de lecture que nous administre Jean-Baptiste Baronian. À ce titre, on trouverait juste qu’il obtienne à son tour les compliments qu’il a tressés au poète Paul Gilson à propos de son recueil Merveilleux. Lui aussi est un « homme qui jette sa poudre aux yeux des adultes » en présentant « sous le simulacre de la prose les incongruités du réel ». Car dans l’univers de Baronian, « Et on sourit. Et on s’esclaffe. Et on ouvre à tout moment de grands yeux ». En somme, on est pris, comme des enfants.

Une bibliothèque excentrique, de Jean-Baptiste Baronian
Le Temps qu’il fait, 142 pages, 15

Des fruits délectables Par Anton Gribouriov
Le Matricule des Anges n°55 , juillet 2004.
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