Fusées N°8

Sûr que par les temps qui courent, s’envoyer en l’air coûte. Quoiqu’il existe pour ceux qui « refusent l’usiné usé », privilégient le travail sur la langue, la littérature, les arts ainsi qu’une liberté de ton libertaire et libertine, d’autres moyens de décoller. En lisant Fusées par exemple. Mathias Pérez et son équipage (Charles Pennequin, Christian Prigent, Jean-Pierre Verheggen, Jean-Paul Fargier… ) semblent vouloir célébrer à travers ce numéro une créativité, une impertinence, un esprit proche de celui de la fin des années soixante-dix. Années où des écrivains comme Maurice Roche (un dossier lui est consacré) poursuivaient « des formes nouvelles, capables de bouleverser l’ancienne distribution des genres (littéraires) » dixit Prigent. Où fleurissait une revue, TATALACREM, qui offrait un terreau acide, mordant et vivifiant aux expérimentations littéraires, révélant des talents aussi singuliers que ceux de Bernard Heidsieck, Claude Minière, Sylvie Nève, Raymond Federman, qui analysent ici leurs contributions. Un très beau dossier « Tauromachie », une réflexion sur le travail de la chorégraphe Maguy Maurin, des textes d’une nouvelle génération de prosateurs québécois, des extraits du Journal d’un éducateur du trop vite oublié Fernand Deligny, ainsi que les poèmes décapés et décapants d’Emmanuel Rabu, Gwenaëlle Stubbe et Fabrice Thumerel complètent ce numéro. Lumineux et cohérent.
Fusées N°8, 228 pages, 27,50 € (Éditions Carte Blanche, 29, rue Gachet 95430 Auvers-sur-Oise)