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Entendu à la radio Quelques écoutes fugitives…

février 2005 | Le Matricule des Anges n°60 | par Valérie Rouzeau

Dimanche 28 novembre 2004 de 11h à 12h30 sur Europe 1 une émission hebdomadaire que je découvre d’Ariane Massenet : Les Peop’lettes. Si j’ai bien compris, le projet est de transmettre l’info des magazines people mais revue et commentée : les affaires de Johnny Hallyday, de Janet Jackson, des Spice Girls ou de PPDA. « Qui se la pète cette semaine ? » Au programme des potins, de l’humour, des quizz, des pastiches. Mais bientôt on s’aperçoit que l’humour en question a chopé les grosses têtes et on se lasse de ces ragots, même raillés, où Sharon Stone et Laura Fabian viennent d’acheter le même sac à main, où Steven et Karine Bachelor « se mettent ensemble » et ont donné à l’occasion une visite guidée de leur appartement à Public (« un bar c’est sympa pour boire un drink après le taf » commente le « gentleman célibataire » de la série de télé réalité diffusée en prime time sur M6). Oui, on se lasse de toutes ces histoires pas drôles. L’émission continue avec l’invitée du jour, Denise Fabre, ancienne speakerine célèbre pour ses fous rires, laquelle vient de publier Vivre aux éclats, son autobiographie chez Laffont. Rien à signaler. Au moment des « E.P.M.  » (Ecoutes People Media) je m’impatiente : qu’il s’agisse de singer Claire Chazal prenant rendez-vous pour une épilation maillot ou une conversation privée entre Johnny Hallyday et Jack Lang les sketchs sont grossiers, lourdissimes, sans un poil (!) de subtilité. Et surtout, alors que l’émission pourrait jaser subversif et se donner les moyens de nous faire rire vraiment, elle s’embourbe dans des commentaires presque aussi minables que la prose publiée par les torchons dont on attendait qu’elle en donne une critique véritable et les démonte de toutes pièces. Finalement, au lieu d’attaquer Public ou Voilà on essaie, assez vainement il faut le dire, de ridiculiser les people. Mais peut-être ai-je prêté aux peop’lettes une intention, un esprit, un humour qu’elles n’ont pas. J’éteins, pas convaincue du tout, déçue : il y avait là vraiment matière à un bon travail de saine i
Dimanche 2 janvier 2005 zapping je vais d’une station à l’autre celles-ci préenregistrées sur le poste Sony CFD-S250L récemment acquis entre disons 17h40 et 17h44 (la moitié du temps de cuisson à feu moyen de mes panés de colin surgelé que je retourne). Europe 1 : « Et que dorénavant je ne porterai plus de chaussures parce que… » ; Inter : « …contre le Saint-Esprit contre ce que vous voulez mais ça agace à quel point Venise peut provoquer… » ; friture au 95.00 (?) ; Radio TSF : « And ever and ever and ever more ! » (chanson jazzy) ; NRJ : « …encore plus riche, un euro vingt seulement » ; RTL : « There were voices down the corridor, I thought I heard’em say ay… » (la célébrissime chanson des Eagles, « Hotel California ») ; friture encore (au 108.00 cette fois, une radio africaine ?) ce qui permet une bonne transition pour aller manger mon poisson. Quatre minutes à noter ce qu’on saisit ou essaie de capter dès qu’on entre dans telle ou telle station ne suffisent évidemment pas à tirer aucune conclusion, mais l’exercice en boucle une journée entière, ou ne serait-ce qu’une demi-journée ne manquerait sûrement pas de révéler des caractéristiques essentielles de chaque chaîne visitée à intervalles réguliers où le discontinu donnerait à appréhender le continu.
Jeudi 11 novembre 2004 vers 8h30 les maçons de l’autre côté du mur branchent Chérie FM et chantent et sifflent. C’est à peu près le même sempiternel bol d’avoine qu’en Nostalgie, la journée fériée qu’ils travaillent lancée à pleins tubes pendant que se préparent un peu partout les défilés de l’Armistice de la Grande Guerre.
Vendredi 19 novembre 2004 entre 13h30 et 14h10 dans l’autocar TER/SNCF de Vierzon à Romorantin le chauffeur allume RFM. Dommage. Par les grandes vitres l’automne est à son apogée, quand en Champagne les arbres ont déjà perdu toutes leurs feuilles. On eût aimé voyager en silence à travers le feu d’artifice des arbres solognots jusqu’à la petite ville que Pierre Autin-Grenier affectionne, pouvoir s’échapper par la fenêtre comme dans un poème de Daniel Biga. Pas à cause spécialement de RFM, retrouvée quelques jours plus tard dans un taxi lyonnais, mais du gâchis. Il y avait un beau voyage possible et les décibels des rouges et des ocres et des orange dehors eussent largement suffi à nous transporter.
Jeudi 13 janvier 2005 vers midi le Franprix du nord de Saint-Ouen diffuse Europe 2 à fond la caisse. On y parle très familier et l’auditeur privilégié semble l’adolescent bien dans ses jeans diesel et ses baskets niquées. Oups. Premières bribes saisies en entrant dans le supermarché : « On va vous filer l’adresse de ce type-là ». Puis s’exprime toute la vulgarité que peut dicter la loi d’un capitalisme pédophile qui fait commencer Noël en octobre et durer le plaisir jusqu’aux Soldes : la Fêtes des Mères ne tardera plus. « Location comme d’hab. Europe 2 point fr » etc. Si l’on compare avec Radio Monop’ la radio du Monoprix où le niveau de langue (comme d’ailleurs les prix) est plus élevé on s’aperçoit très vite que c’est bien la même vulgarité qui s’exprime, si les cibles visées ont changé. Radio Monop’ s’adresse plutôt à la ménagère active, transmet des interviews de personnalités à propos du choix d’un vin, de maquillage, d’hygiène alimentaire j’en passe et des pires, un peu à la manière des magazines dits féminins. Dans tous les cas un seul but : vendre. Il serait sans doute instructif de dresser une sorte de carte des lieux publics et privés de diffusion de la radio et d’essayer de repérer les enjeux. Qui a intérêt à diffuser quoi et à qui ? Les super et hypermarchés donneraient la matière d’une étude sociolinguistique passionnante. Et qu’est-ce qui passe sur les ondes au Quick situé face au Franprix, où viennent casser une graine (de sésame) ou simplement se retrouver des grands gamins gracieux, pour la plupart originaires d’Afrique Noire ? Nous sommes à un jet de pierre des hauts lieux de la Commune mais ceux-ci paraissent aussi loin que la Côte-d’Ivoire ou le Mali.

Quelques écoutes fugitives… Par Valérie Rouzeau
Le Matricule des Anges n°60 , février 2005.
LMDA PDF n°60
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