Le Nouveau recueil N°74
Difficultés financières (celles, grosso modo, des petites structures éditoriales), faible lectorat, et parfois lassitude de leurs fondateurs : les revues littéraires n’ont pas une grande espérance de vie. On ne peut donc que se réjouir de ce que Le Nouveau Recueil souffle ses vingt bougies.
Créée par Richard Millet et Jean-Michel Maulpoix en 1984 sous le nom de Recueil, publiée par les soins de Patrick Beaune pour le compte des éditions Champ Vallon, rebaptisée Le Nouveau Recueil après l’éviction quelque peu brutale de Richard Millet en 1995, cette revue trimestrielle de littérature et de critique a donc trouvé l’énergie de durer. Et non seulement de durer, mais de maintenir son niveau d’exigence dans le choix de ses textes pour proposer à ses lecteurs presque 800 pages par an. Autant de bonnes raisons de fêter l’événement, avec une livraison plus copieuse qu’à l’ordinaire exit donc l’habituel noyau thématique autour duquel se retrouvent les textes de création ; exit encore la tribune littéraire, l’entretien, et le cahier critique. Pour ce numéro anniversaire, ce sont 43 écrivains qui ont été invités. La réunion paraît d’ailleurs assez singulière : si l’on retrouve quelques marathoniens de la publication en revue (Michel Deguy, Bernard Noël, Jean-Pierre Verheggen, Christian Pigent, ou encore Antoine Émaz), on y découvre aussi quelques signatures moins connues : Brice Petit, Nicolas Meckel, Maud Thiria, Marie Cosnay, Jean-Marc Sourdillon, Sophie Daull…
Chaque auteur y est allé de sa contribution, les uns d’une nouvelle (celle de Nicolas Meckel mérite le détour), les autres d’un ensemble de poèmes ou de petites proses qui sont dans l’air du temps. Jude Stéfan s’amuse : « 27/9 : Peuple et poésie. Un quidam : « Avez-vous récemment publié ? » « Oui, au moins de mai. » « C’est le titre ? » »
L’entreprise de Jean-Benoît Puech est tout autre : lui qui d’ordinaire donnait ses textes aux revues avant d’en faire des livres, il avoue avoir publié Jordane revisité (Champ Vallon, 2004) sans la moindre prépublication ; expérience à ce point catastrophique qu’il a décidé de réécrire le premier chapitre, comme si le volume ne constituait qu’un « banc d’essai »…
Preuve que Le Nouveau Recueil n’entend pas s’arrêter là : l’annonce, pour le prochain numéro, d’une voix nouvelle dans le comité de rédaction, en la personne de Jean-Louis Giovannoni. Une manière comme une autre de se redonner du souffle pour entamer la décennie !
Le Nouveau recueil N°74, 320 p., 17 € (Champ Vallon)