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Médiatocs Anesthésie générale

juillet 2005 | Le Matricule des Anges n°65 | par Thierry Guichard

La suite du best-seller de Marc Levy est écrite sur le modèle des rubans tue-mouches : grosse ficelle mielleuse plus insipide qu’un feuilleton allemand un dimanche de novembre.

Arrivé à la page 338 de Vous revoir, le lecteur (shooté au café fort et aux vitamines pour tenir) se demande encore quand l’histoire va commencer. Jusque-là, il a eu droit à des résumés lourdingues de l’épisode précédent : Et si c’était vrai. Exemple, p. 86, Arthur à son ex rencontrée par hasard : « J’ai eu la chance de te quitter, puis de rencontrer la femme de ma vie mais elle était dans le coma ! Sa propre mère (il y aurait donc des mères qui ne seraient pas propres ?) voulait qu’on l’euthanasie, mais j’ai eu une chance folle parce que mon meilleur ami a bien voulu me donner un coup de main pour aller la kidnapper à l’hôpital. »
Arthur (architecte aussi épais qu’un personnage d’Alexandre Jardin) revient de France où il a tenté d’oublier Lauren. Elle est chirurgien à San Francisco dans le service du professeur qui l’a ramenée du coma après un accident de voiture. Elle est belle, elle roule vite en voiture, elle donne tout son temps à ses patients (elle peut en opérer plusieurs dizaines en une nuit), elle a un fiancé insignifiant, un chien qui montre qu’en fait elle est célibataire. Bref, c’est l’héroïne. Les héros ont toujours un faire-valoir : le faire-valoir de Lauren, c’est Betty qui est infirmière en chef (les héros sont chirurgiens, les seconds rôles infirmiers). Le faire-valoir d’Arthur, c’est Paul, qui est rigolo. Leur amitié est vraiment très belle, genre Nescafé spécial filtre : « Tu ne prends pas de sucre dans ton café… souffla Arthur en posant sa main sur celle de son ami. Au milieu de la nuit claire, dans l’intimité de la cuisine d’une vieille maison au bord de l’océan, deux complices se regardaient en silence. » Un silence qui ne les empêche pas de parler : pour faire 340 pages avec son embryon d’histoire, Marc Levy sait qu’il va falloir faire du remplissage.
Dans l’épisode précédent, Arthur a sauvé Lauren de la mort en l’enlevant de l’hôpital où son professeur et sa mère (propre) avaient décidé de la débrancher. Il l’a emmenée dans la maison dont la cuisine est intime. Arthur et Lauren peuvent vivre ensemble à travers leurs rêves. Mais quand elle est revenue à la vie, lui l’a quittée car il paraît que si elle avait su l’histoire ça pouvait porter atteinte à sa santé… Condamné à vivre sans celle qu’il aime Arthur s’est enfui à Paris.
Aujourd’hui il revient à San Francisco et, évidemment, il retombe sur Lauren. San Francisco est une toute petite ville : grande comme un studio de cinéma avec le décor en carton pâte, les personnages (un bien grand mot) n’arrêtent pas de s’y croiser. Un side-car percute Arthur (deux accidents en quelques pages, c’est super dangereux d’être piéton), et l’envoie à l’hôpital où celle qui va le soigner, c’est ? Oui : Lauren ! Reprenez un peu de café, ce n’est pas fini. Donc cœur qui bat, amour toujours, mais oh monde cruel, je n’ai pas le droit de l’aimer, alors fuyons. Revenu chez lui, Arthur est victime d’une hémorragie du cerveau : re-ambulance mais il change d’hôpital. Là, le méchant docteur est incompétent donc… donc… allez un effort d’attention, s’il vous plaît… donc Lauren et Paul vont enlever Arthur dans le coma pour lui sauver la vie. Et si c’était vrai N°2. (Proposons tout de suite que le 3 raconte le coma de Paul, le 4 celui de Betty et le 5 celui du chien).
L’histoire racontée avec cinq cents mots de vocabulaire, multiplie les clichés. Les seconds rôles semblent issus d’une publicité télévisée : une grand-mère fan de Bruce Lee, un vieux flic amoureux de sa collègue. Quant à la poésie d’Arthur, il n’y a que dans l’esprit de Lauren qu’elle fait des ravages : « Je t’ai cherchée partout même ailleurs (…) ensemble nous étions nos demains. Je sais désormais que les rêves les plus fous s’écrivent à l’encre du cœur. » Ce livre-là est écrit à l’encre anesthésiante. Arrivé page 339, le lecteur peut aller se coucher.

Vous revoir
Marc Levy
Robert Laffont
341 pages, 21

Ce qu’il dit de son travail…

Livres-hebdo :
« Je n’écris pas de romans dans un esprit de conquête. J’écris des romans parce que je prends un plaisir fou à faire ça. »

Site personnel : « Ce qui est jouissif, c’est quand, en cours d’écriture, les personnages vous imposent des choses que vous n’aviez pas prévues. »

Télé 7 jours : « Sans la pression de ma sœur, je n’aurais jamais envoyé à un éditeur mon premier roman. »

Anesthésie générale Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°65 , juillet 2005.