En couverture de ce premier roman, un labyrinthe symbolise ce à quoi doit s’attendre le lecteur. L’Homme caché, qualifié de « romans » au pluriel, est une enquête sur le poète pragois Endsen. Disparu, pense-t-on, par noyade en 1984, cet homme de lettres avait placé sa vie sous le sceau de l’incognito. Quatre récits tentent de lever le mystère sur le sort d’un homme soupçonné d’avoir été un dissident du régime communiste. Le premier est signé du nom de l’auteur lui-même qu’on retrouve, en personnage cette fois, dans la quatrième partie. Le deuxième récit est signé d’un ancien camarade d’Endsen et évoque la figure d’un peintre, George Livel qui aurait peint le visage d’Endsen dans un tableau énigmatique. Le troisième évoque la disparition, en pleine période des procès politiques de Franz Kaplan (on voit à quoi renvoient ses initiales) et de quelques autres hauts fonctionnaires lors de l’affaire Seiboth. Une affaire à laquelle Endsen fut mêlé. Pour ceux qui perdraient pied dans cet imbroglio borgésien, notons que ces quatre parties sont suivies d’une cinquième : un appendice nous donne connaissance d’un courrier adressé à Finitude concernant Pierre Cendors, dont on aurait lieu de se méfier. La lettre est signée Dominique Bordes qui dirige Monsieur Toussaint Louverture, une revue toulousaine bien réelle qui a, dans le passé, proposé la lecture de « L’eau-de-la » le premier récit de L’Homme caché. Endsen, lui, ne semble pas avoir existé : mais peut-on prouver l’inexistence d’un poète qui a voulu ne jamais apparaître ?
Pierre Cendors (qui est peintre aussi) joue de ce rapport entre réalité et fiction, nous promène dans Prague qu’il connaît bien, évoque les falsifications de l’Histoire qui semblent le fasciner et nous laisse, au final, avec un roman dont on n’est pas pressé de résoudre l’énigme qu’il propose. Son mystère nous ravit.
L’Homme caché de Pierre Cendors
Finitude, 133 pages, 14,50 €
Domaine français Son nom est Personne
avril 2006 | Le Matricule des Anges n°72
| par
Thierry Guichard
Un livre
Son nom est Personne
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°72
, avril 2006.