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Événement & Grand Fonds Comment meurt-on ?

juin 2006 | Le Matricule des Anges n°74 | par Camille Decisier

Et si l’instant de la mort durait plus longtemps que toute une vie ? Dans son deuxième roman traduit en français, la douce Maria Cardoso fouille à pleines mains la seconde quasi éternelle d’une disparition, et affine les bases d’un « Nouveau roman » portugais porté par l’observation plus que par l’analyse. Un roman bouleversant.

Les Anges, Violeta

(…) c’était une femme si grosse, si grosse, que quand elle tombait du lit, elle tombait des deux côtés (…) c’était une femme si grosse, si grosse, qu’elle arrivait à être à deux endroits à la fois ». C’était un monde si cruel, si cruel, qu’on la vit chercher l’amour dans la prostitution gratuite ; c’était un monde si vide d’amour qu’il lui fallut faire de sa fille unique sa pire ennemie.
C’est un monde qui marche à l’envers, si bien que la première fois qu’apparaît Violeta, elle est suspendue la tête en bas par sa ceinture de sécurité : et cette femme si grosse, si grosse, VRP en cires dépilatoires, se sent soudain souple et légère. Pour la première fois de sa vie, ses pieds ne touchent plus le sol. Mais est-ce bien encore de la vie qu’il s’agit ? Victime d’un accident de la route, Violeta hésite : quelles statistiques fera-t-elle gonfler cette année ? celles des tués ? celles des blessés graves, légers ? celles des responsables d’homicide involontaire ? Alors que sa vie repasse devant, derrière ses yeux (ancestral « dit-on » autour duquel s’articule le roman), rien n’est plus tangible, en cet instant précis qui tient dans une poignée de secondes et 390 pages, que cette relecture automatique ; car et c’est un autre présupposé du livre l’absence de sens, en définitive, autorise la création permanente. Et Violeta hésite. En cet ultime instant qui est celui de sa mort (le mot n’est quasiment jamais employé), elle se tient sur la frontière de la schizophrénie. Et si la mort était le moment de l’appropriation ? À tour de rôle dans la peau d’un employé de banque, puis dans celle du chef de l’employé de banque, dans la peau (usée) d’une putain d’autoroute, dans celle de sa propre fille, caissière en hypermarché, de son père, l’étrangleur d’oiseaux rendu fou par de lourds secrets de famille, Violeta part à la conquête d’autres corps, pour sortir du sien, flasque et mou, répugnant sitôt qu’utilisé, abandonné dans les fast-foods et les hypermarchés, dans les agences immobilières, chez ses clientes bourgeoises aux membres poilus et sur les parkings routiers : « je suis parfaite dans mon rôle, je savoure le plaisir de l’attente avec la certitude que je vais réussir, les corps ne m’ont jamais déçue dans la faim qu’ils ont des autres corps, dans la chair est toujours présent le désir qui m’oblige à être ici, et à monter, si besoin est, dans les cabines exiguës des camions qui sentent la sueur, avec des chapelets accrochés au rétroviseur et les photos de femmes et d’enfants dans des cadres en plastique collés par un aimant, j’ai toujours eu du mal à grimper les marches d’un camion et à me mouvoir dans un espace aussi petit, mais je les suis promptement, une obéissance tellement aveugle qu’elle me met moi-même mal à l’aise ».

Vive les transferts de personnalité, les emprunts identitaires qui font voyager l’esprit et rendent plus supportable le corps détesté.

C’est un roman qui coule comme un long fleuve intranquille,...

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