Nioques N°1 (2006)
Après un an d’absence, Nioques reparaît en une nouvelle série. Se recouvrant de blanc (après avoir été uniformément noire), elle quitte les éditions Al Dante et rejoint les éditions lyonnaises Su-cure/Sale. Seules persistances, celle de son directeur Jean-Marie Gleize, et celle d’un mot d’ordre qui, passant par Ponge « Nioque est l’écriture phonétique (comme on pourrait écrire iniorant) de gnoque, mot forgé par moi à partir de la racine grecque signifiant connaissance, et pour ne pas reprendre gnossienne de Satie ni le connaissance (de l’Est) de Claudel », signifie, au pluriel, « que la poésie n’a pas encore de nom, ou n’a ou n’aura que des mots impropres, etc. » L’orientation est claire, elle passe par le désœuvrement, le rapport au non-savoir (Dupin et Bataille) et perpétue une critique négative de la poésie contenue dans toute la modernité. Ce numéro nouveau s’amorce par « Quinze pantomimes » de l’artiste catalan Joan Brossa (« deux côtes de porc (maigres et crues)./ Une bouteille de muscadet./ Une bouteille de Bourgueil./ Un demi de bière »), une suite de quinze pages à la lenteur toute cinématographique, sorte de poème-légendes en muet où Gleize suit l’histoire de Ivik le petit esquimau (« L’Histoire animale »), sans doute l’un des textes le plus fort avec les extraits de proses coupées du « Rapport signal-bruit » de Pierre Parlant. À noter également comment Nicolas Giraud réécrit et imagine, en une plastique dégringolante ou asphyxiante le tapuscrit (une et seule même phrase invariablement répétée) auquel Jack Torrance, dans Shining, travaille.
Nioques N° 1, 176 pages, 20 € (123, rue de Sèze, 69006 Lyon) revue@nioques.org