Faire part N°18/19 (Hubert Lucot)
Pour Claude Burgelin : « Écrire de H.L. : mission impossible… » Rendre compte de l’œuvre d’Hubert Lucot qui, selon ses propres mots, « incite le lecteur à une réflexion sur l’espace et sur le temps à partir de mes espaces et de mes temps » n’est pas une mince affaire. Après un beau numéro sur « Ce que Change a fait », Faire part a donc fait appel à une quarantaine de contributeurs pour établir une somme qui confirme, aussi, la qualité de cette revue. Au sommaire, des textes et entretiens inédits avec l’auteur de Le Centre de la France (P.O.L, 2006) ; de nombreux essais critiques ; l’œil de quelques écrivains ou éditeurs dont Alain Helissen, Vannina Maestri, Jean-Claude Montel, Mathias Perez, Christian Prigent, Franck Pruja, Jacques Sivan.
Richard Sieburth, son traducteur, livre un texte aussi fin que court, jugeant au passage Lucot « supérieur à Perec, précisément parce qu’il est capable d’enregistrer (…) la réalité objective d’un univers extérieur à lui-même tout en entrecoupant ou en superposant tout cela avec son univers intérieur ». Un geste qui, pour Agnès Disson, passe par ces infinitifs : « Compiler, couper, résumer « hybrider » ». Mais encore, travailler un réel qui est « une infinité de barres obliques, de et/ou ». Être au plus près des « biffures, fourbis, fibrilles et autres frêles bruits » plus propres encore à Lucot qu’à Leiris selon Claude Burgelin.
« Pas de photos souvenirs chez Lucot mais il est question d’une vitesse de l’écriture pour une vitesse de la perception » dit Éric Suchère. Ici, pas de photos souvenirs non plus, mais un temps critique nécessaire pour approcher une œuvre capitale. Passionnant.
Faire part N°18/19, 192 pages, 20 € a.b.chaneac@wanadoo.fr