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Domaine étranger L’odyssée d’une diva

mars 2007 | Le Matricule des Anges n°81 | par Thierry Guinhut

Depuis le Colorado rural jusqu’aux scènes wagnériennes, Willa Cather (1873-1947) délivre une grande leçon de travail et de persévérance.

Le Chant de l’alouette

Traditionnellement, le roman de formation de l’artiste est plutôt allemand. Les Romantiques, puis Thomas Mann avec Tonio Kröger et Le Docteur Faustus, s’en sont fait les champions. Qui eût cru qu’une alouette du genre se soit élevée depuis les prairies américaines ? Il s’agit de Willa Cather (1873-1947) surgie du fin fond des États-Unis et trop peu connue en France. C’est une de ces femmes énergiques qui s’extirpèrent du provincialisme et du matérialisme de leur temps pour se faire journaliste puis écrivain d’envergure. Comme elle, ses héroïnes arrachent leur destinée de la glèbe reculée de l’Ouest américain.
Thea Kronborg vient d’une famille des Rocheuses, aux confins du désert du Colorado, parmi sept enfants et sous l’autorité d’un père pasteur méthodiste. Elle est l’alouette rurale qui va, non sans difficultés, parvenir à s’envoler, puis à chanter. Elle apprend le piano avec opiniâtreté et sous la douce férule d’un vieux semi-vagabond. À 12 ans, elle est remarquée par deux hommes d’âge mûrs. Un employé des chemins de fer est déjà entiché d’elle d’un amour chaste et respectueux. Autodidacte et nature droite, il s’est juré d’en faire plus tard sa femme. L’autre est le médecin local, malheureux en ménage, mais qui traitera Thea en éducateur distant et intelligent. Très tôt, elle donne des leçons de piano, s’assure le respect du village et de sa mère qui lui offre une chambre glaciale et solitaire, « une chambre à soi » pour reprendre le titre de Virginia Woolf : « Il n’est pas d’œuvre d’art si gigantesque ou si belle qu’elle n’ait été un jour abritée dans un jeune corps ». Grâce à la perspicacité et aux conseils du Docteur Howard Archie, puis à l’héritage des six cents dollars du cheminot accidenté, elle peut à 17 ans partir à Chicago, vers le professeur Harsanyi qui, au-delà du piano, découvre son véritable don : la voix. Elle travaille dur, se fortifie à la vision de son tableau préféré : « Le chant de l’alouette » de Jules Adolphe Breton. Son destin bifurque une fois de plus lorsque le riche héritier du prince de la bière, Philip, a totalement foi en elle : pour la ressourcer, il l’emmène vivre dans un canyon, au contact de la nature et des ruines indiennes. Au-delà, sa formation presque achevée, il suffira à Thea de solliciter un prêt du Docteur Howard enrichi par ses placements dans les mines et heureusement délivré par la mort de sa femme pour aller étudier en Allemagne. Et lorsque l’on sait que sa carrière de chanteuse wagnérienne a pris toute son ampleur, à Dresde, puis à son retour aux États-Unis, le livre se détache d’elle : le roman de formation a en effet tenu ses promesses. Reste alors à confronter les points de vue de ces deux hommes qui l’aiment tant sans lui demander rien d’autre en retour que l’accomplissement de son art.
Willa Cather délivre une moralité : les hommes doivent savoir repérer et développer un talent féminin qui, de plus, ne peut se parfaire sans un travail sur soi avéré. Le plus remarquable de ce roman, peut-être, est l’absence d’antinomie entre l’art et le monde des affaires, état d’esprit bien partagé par une partie des Américains. Le fils du prince de la bière et le médecin qui a réussi se doivent, comme par un impératif moral, d’être des mécènes, des accoucheurs de talents. Farouchement favorable à l’émancipation des individus et pas seulement des femmes Willa Cather est également une experte de la critique de ce romantisme qui prépare les mariages malheureux, tout en cultivant un réalisme attaché à cette volonté de persévérance qui fit également naître, d’un peuple de pionniers, des artistes. Publié en 1915, ce grand roman, attachant et optimiste, est une invitation à découvrir l’œuvre de Willa Cather que les éditions Rivages ont entrepris de traduire entièrement.

Le Chant
de l’alouette

Willa Cather
Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Marc Chénetier
Rivages
528 pages, 23

L’odyssée d’une diva Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°81 , mars 2007.
LMDA papier n°81
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