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Domaine étranger Paranoïa terroriste

juillet 2007 | Le Matricule des Anges n°85 | par Thierry Guinhut

À travers une série d’aventures burlesques, délirantes, parfois terrifiantes, un roman-charge contre les abus sécuritaires américains.

Le jeune Odell Deefus roule vers le bureau de recrutement de Callisto pour s’engager dans l’armée américaine. Lorsque sa bagnole tombe en panne. La guerre en Irak ne sera pas pour ce lecteur de Jody et le faon, du moins l’officielle… Car un concours de circonstances va mettre ce bêta dans le pétrin : frappant à une maison isolée, il est recueilli par Dean, un type bougon avec qui il partage une cuite mémorable. Nuitamment, il balance un coup de batte de base-ball sur la tête de son hôte qui menace son sommeil, un fusil à la main. Rangeant l’évanoui et sa grosse bosse sur un lit, il pense que tout va s’arranger demain. Mais il l’a tué. Pris de court, il endosse un moment l’identité du mort devant un évangéliste venu pour sauver son âme. Car Dean avait envisagé d’embrasser l’Islam. On imagine qu’Odell est un peu « décalqué ». Plus encore lorsqu’il découvre un cadavre dans le congélateur… On comprend que Dean aurait tué sa tante dans le cadre d’une querelle religieuse. Quand notre Odell se lance dans des histoires de « frères » qui auraient embarqué le meurtrier, la police se branche illico sur des hypothèses de filières terroristes. Un « téléévangéliste » allumé, des chaînes d’information, des policiers corrompus, un sénateur candidat à la Maison blanche qui souffle sur la paranoïa, le FBI en personne complètent la panoplie. On ne ratera pour rien au monde la sœur de Dean, belle gardienne de prison passeuse de drogue qui fait fantasmer à tort et à travers notre anti-héros.
Frisson glacial et grand guignol se conjuguent pour chatouiller le lecteur. Le comique de répétition fonctionne à plein régime lorsque notre pauvre Odell enterre et déterre plusieurs fois le cadavre de Dean, et rebouche la tombe vide, pour les besoins de l’enquête. Si tout cela peut ne pas paraître très sérieux, il s’agit pourtant là d’une satire de l’Amérique de Bush et de ses obsessions sécuritaires, grâce à quoi le récit entraînant pose la question de l’indispensable devoir de protection des citoyens d’un pays, mais aussi des limites de sa légitimité.
Mais on est en droit de rester sceptique devant la thèse de ce roman. Finalement les terroristes musulmans n’existent que dans la tête des paranoïaques et du FBI. Si des voitures explosent, comme celle du pauvre Odell qui a repris la camionnette et la tonte des pelouses à son compte, c’est parce qu’elles ont été piégées sur ordre du « téléévangéliste » lui-même qui voulait faire sauter son propre rassemblement de fidèles. Dans quel but, me direz-vous ? Eh bien, s’agréger encore plus de fidèles et faire élire le sénateur de la droite conservatrice dure. Est-on ici à la limite du négationnisme ? Comme lorsqu’on attribua les attentats du 11 Septembre aux Américains eux-mêmes… De plus, il s’agit là de montrer que le FBI et la sécurité intérieure américaine sont les pires tortionnaires, allant jusqu’à offrir bien des tortures, dans une sorte de Guantanamo qui n’est pas nommé, au pauvre Odell soupçonné de terrorisme. Qu’on se rassure, il sera finalement innocenté et libéré, non sans devoir signer un document attestant qu’il n’a pas été molesté. Si l’énormité de la chose n’est peut-être pas totalement impossible, les démocraties pouvant user de procédés infâmes et liberticides pour protéger leurs libertés, elle est assez peu crédible à l’égard d’un citoyen américain. Il n’en reste pas moins qu’une telle caricature a le mérite de tirer la sonnette d’alarme.
Mieux vaut en rire. Reconnaissons que ce Torsten Krol, mystérieux écrivain reclus dans le bush australien, a le talent de mettre en scène un personnage qui raconte son histoire avec toute l’immaturité et la cohérence requises, ainsi que de donner l’équivalent d’un film de Buster Keaton sur un sujet on ne peut plus grave.

Callisto
Torsten Krol
Traduit de l’anglais (Australie)
par Daniel Bismuth
Buchet-Chastel
480 pages, 24

Paranoïa terroriste Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°85 , juillet 2007.
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