Faire l’amour est une maladie mentale qui gaspille du temps et de l’énergie
Mao l’a dit : « faire l’amour est une maladie mentale qui gaspille du temps et de l’énergie. » Heureusement, la police veille. " La nouvelle pièce de Fabrice Melquiot, avec son titre percutant, met en jeu trois hommes, trois policiers : Thierry Brette 40 ans, sa femme l’a quitté et il a démissionné de la police, Bernard Faucher 65 ans, il épluche toujours les petites annonces pour trouver la femme rêvée, noire de préférence, et Alban Legal, le plus jeune, il vient d’être mis sur la touche et attend de passer au tribunal, car un homme est mort à la suite d’un de ses contrôles. Trois hommes ou plutôt trois solitudes partageant le même appartement, à défaut d’être certains de leur amitié.
Fabrice Melquiot dédie cette pièce à la mémoire de Lamine Dieng, jeune Français de 25 ans, décédé à Paris en juin 2007 entre les mains de la police, d’une soi-disant crise cardiaque. La pièce est également dédiée à Chrysogone Diangouaya, précurseur de la danse contemporaine au Congo Brazzaville. La victime imaginée par Fabrice Melquiot dans Faire l’amour… serait un mélange des deux hommes, et le geste des policiers comme le massacre de la beauté, d’une danse, d’une vie.
L’écrivain questionne la spirale de la violence, ou comment le sentiment d’insécurité génère un renforcement du dispositif policier, qui génère à son tour de la violence, qui génère… un sentiment d’insécurité ! Fabrice Melquiot s’empare d’un sujet on ne peut plus politique, au cœur du débat dans notre société.
Les relations des trois hommes entre eux sont brutales, tous les coups sont permis, ils se questionnent comme s’ils interrogeaient des suspects. Chacune des quinze scènes porte d’ailleurs un nom de coup, du coup dur au coup du lapin. Les séquences oscillent entre une discipline de commando et la dérive des trois hommes, révélant leurs fêlures. La pièce est conçue comme un crescendo dans la violence et l’indifférence qu’elle provoque. Et certaines des quinze séquences sont particulièrement efficaces dans la dénonciation de cette violence, un peu comme un coup de poing dans la figure.
Faire l’amour est une maladie mentale qui gaspille du temps et de l’énergie de Fabrice Melquiot
L’Arche, 96 pages, 11 €