Recherches sur l’homme dans l’état de somnambulisme (suivi de) Une étude de Olivier Schefer

Méconnues, les éditions VillaRrose proposent depuis 1997, plutôt qu’un catalogue, un vrai cabinet de curiosités à la croisée des arts et des sciences, pariant sur l’insolite élégant. Leur dernière parution restitue le traité de médecine expérimentale rédigé en 1811 par un aristocrate éclairé, « enfant perdu » de la science ; à l’époque où les travaux de Mesmer sur le magnétisme animal sont, à la demande de Louis XVI, scrupuleusement examinés (et invalidés), Puységur identifie le somnambulisme magnétique, phénomène qui marque peut-être l’origine de la psychothérapie moderne ; sans mysticisme, il met ici en mots cet état de conscience paradoxal, entre veille et sommeil, qui ne relève ni du sortilège ni de l’hypnose mais plonge le sujet dans la plus grande clairvoyance. Convaincu de l’importance thérapeutique et philosophique de sa découverte, Puységur combat énergiquement les préjugés, en particulier religieux et moraux, qui freineront pourtant son développement. Le texte est suivi d’une excellente étude du philosophe Olivier Schefer, qui aborde notamment le potentiel artistique du somnambulisme, cette inquiétante étrangeté dans laquelle puisèrent le romantisme et, à sa suite, le surréalisme, qui voulaient faire se rejoindre le rêve et la réalité.
Recherches sur l’homme dans l’état de somnambulisme d’Armand Marie Jacques de Chastenet de Puységur, VillaRrose, 163 pages, 11 €