Lignes N°29 (De la violence en politique)
À l’origine de ce numéro, précise Michel Surya dans sa présentation, se trouvait « l’affaire dite de Tarnac » : l’arrestation spectaculaire puis la mise en examen de Julien Coupat et ses complices, terroristes présumés. Nous savons ce qu’il en fut… Depuis, la crise s’est installée : en même temps que l’Université demeure engagée dans le plus long mouvement de résistance de son histoire, les actes illégaux (mais encore bien civilisés) de salariés poussés à bout font la Une des journaux. Serait-il temps d’inscrire de nouveau la question de la violence à l’ordre du jour ? Certains articles s’intéressent donc, en priorité, au Comité invisible et au pamphlet qui fut la principale pièce à charge du dossier inconsistant : L’insurrection qui vient. Laurent Margantin y voit une « parole insurrectionnelle », l’expression d’une sorte de rage nécessaire et le rapproche, dans l’éloge, de cette superbe métaphore de Breton : « Elle est l’étincelle dans le vent, mais l’étincelle qui cherche la poudrière ». Anselm Jappe est en revanche bien plus critique : les auteurs seraient, d’après lui, bien plus proches d’Heidegger et de Schmitt que de Marx et propageraient « l’idée étriquée qu’il est possible de retourner la barbarisation croissante en force d’émancipation. » D’autres textes problématisent l’opposition - inégale, obscure et bien sûr inquiétante - ou le parallèle complexe entre la violence possible de la révolte et la violence évidente de l’État. Que celle-ci prenne la forme de la lutte anti-terroriste avec toutes les atteintes aux libertés qu’elle a pu permettre ou qu’elle consiste, comme on le voit de plus en plus fréquemment, en la criminalisation renforcée, par exemple d’actes de sabotage ou d’actions syndicales, nul doute que l’État s’excepte du droit. « Contester l’État, dès lors, affirme Surya avec la juste intransigeance qui le caractérise, c’est ou rappeler celui-ci au droit dont il se réclame ou réclamer de lui qu’il consente au droit qui naîtra de sa contestation ». Pour lutter contre l’humiliation des défaites répét
Lignes N° 29 De la violence en politique, 200 pages, 19 €