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Domaine français Le regard

juillet 2009 | Le Matricule des Anges n°105 | par Delphine Descaves

Le Regard du coeur ouvert : Des carnets 1978-2002

Le Journal qu’a tenu Joël Vernet de 1978 à 2002 est intermittent plutôt que quotidien, et sans anecdote. Il s’agit plutôt, à la façon d’un Charles Juliet auquel ces carnets font penser, d’une écriture qui réfléchit l’existence et la sonde. Les notations simples mais très écrites (voire réécrites, comme il s’en explique en introduction), relevant de l’aphorisme, sont souvent proches d’un pessimisme absolu, « la vie est une nuit où les lampes s’éteignent peu à peu ». Elles sont aussi éclairées par des fulgurances poétiques (« les feuillages dansent sur les palais défunts »), mystérieuses (« sombre, comme un mort qui te regarde ») ou traversées par une lucidité crue (« il n’y a pas de souffrance pure, ciselée. Il n’y a qu’une souffrance déchiquetée »). Mais Vernet, grand voyageur, est aussi un admirateur des lumières de la Nature - il salue le soleil sur sa peau, sur sa table, ou sur un livre, comme un bienfait dont il n’est jamais blasé ; et on le voit animé du désir exacerbé d’être au monde. Tout le Journal oscille entre cette aspiration à se saisir des paysages, des saisons - fut-ce dans le retrait et la solitude car la vie sociale de l’écrivain est réduite - et l’impression que vivre n’est qu’une entreprise de dépossession de soi et des autres. Au sein de ce déchirement, l’art, « c’est-à-dire la vie en feu », est un tuteur, dont l’exigence le tient debout et donne précisément un sens à cette difficulté (l’amour et les amitiés, les enfants, sont là aussi, mais en filigrane, présences presque énigmatiques auprès de cette personnalité solitaire.) S’écartant orgueilleusement de tout bavardage, « des livres emplis de phrases (…) des phrases venues pour combler la blancheur de la page. On appellera ça l’habileté », il place l’écriture au plus haut : « celui qui écrit ne sait pas parler. Celui qui écrit habite le pays des morts, s’entretient avec eux de la vie (…) de tous les mensonges que nous proférons sans cesse comme des éclats de vérité ».
Le Regard du cœur ouvert s’achève sur une dernière partie, dans laquelle le diariste évoque, avec une contagieuse ferveur, ses périples lointains, en Syrie et en Afrique notamment : les lieux, les cieux et les hommes qu’il a croisés. Là, on songe à Bouvier et son Usage du monde, et ces quelques pages apportent une respiration, une ouverture à tout le livre. Et on le referme en se remémorant une phrase qui résume peut-être Vernet tout entier : « tu es étranger partout sauf peut-être dans la contemplation. »

LE REGARD DU CŒUR OUVERT
Des carnets 1978-2002

de JOËL VERNET
La Part commune, 300 pages, 17

Le regard Par Delphine Descaves
Le Matricule des Anges n°105 , juillet 2009.