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Théâtre Rêves de lucioles

septembre 2009 | Le Matricule des Anges n°106 | par Laurence Cazaux

Le personnage principal de La Mélancolie des barbares est la langue de l’écrivain, une langue lyrique et crue pour tenter de dire l’innommable.

La Mélancolie des barbares

Koffi Kawahulé est né en 1956 en Côte d’Ivoire. Il quitte l’Afrique à 23 ans pour la France. Cet écrivain, comédien de temps en temps, a publié plus de vingt pièces, dont Jaz, Big Shot, P’tite souillure. Des textes qui cherchent à inventer une forme pour raconter des histoires, avec une langue toujours très musicale. Michel Corvin dans son Dictionnaire encyclopédique du théâtre présente ainsi le dramaturge : « Au dialogue traditionnel, Koffi Kwahulé substitue un entrelacs de voix, un alliage de sons et une primauté du rythme qui exigent du spectateur qu’il s’engage physiquement dans l’élaboration du sens des textes, jamais donné d’avance. Désorienté par une dramaturgie qui laisse place aux aléas et aux hasards, le spectateur doit alors se départir d’une approche intellectuelle pour se laisser émouvoir par une parole d’une grande puissance poétique. »
Déjà, pour commencer, le lecteur ne trouvera pas de distribution avec le nom des personnages. Des espaces sont laissés pour donner à voir le changement de locuteur. Le lecteur tisse donc l’histoire dans le même temps qu’il la découvre, il attribue la parole à un tel et ceci dans une grande évidence pour le moins surprenante.
La Mélancolie des barbares est construit comme un crescendo violent, débouchant inexorablement sur le tragique. Nous sommes au cœur d’une cité. Une jeune femme, Monique, rebaptisée Baby Mo, s’est mariée avec un policier, plus âgé qu’elle, qui lui fait porter le voile. Cet homme, c’est la clé de son Amérique, une façon selon Baby Mo d’échapper à sa condition. Mais elle aime un jeune garçon, Zac et deale pour lui. Le policier, jaloux, décide de pren- dre Zac sous son aile et d’en faire son fils spirituel. Nous sommes dans un huis clos ou presque, à l’intérieur d’une cité, avec ses propres règles, en présence de Baby Mo, de son mari policier, de Zac, de sa mère et sa sœur, et de deux chœurs, une assemblée des femmes et une assemblée des copains de Zac. Le seul étranger, un recruteur en pleine rupture sentimentale, va finir massacré. Tous les thèmes récurrents à la jeunesse dans les cités sont ici abordés : le port du voile, la religion, le chômage, le deal, le fait de se faire justice soi-même (dans la pièce, il s’agit d’être traîné derrière un pick-up jusqu’à ce que mort s’ensuive), le machisme et la violence envers les femmes, les armes à feu, le rapport avec la police… Cela pourrait passer pour une succession de clichés. Mais la mise en tension par la langue évite cet écueil. Nous nous retrouvons au bord des fêlures et de la folie. La langue est dans le même temps lyrique et crue, avec de grands monologues à la Koltès. Kwahulé donne langue à ces personnages qui sont censés en être privés. Et dans le même temps que se raconte la barbarie, se racontent les désirs, comme la recherche d’un père, de l’amour, ou d’une vocation, et des rêves de lucioles. « Ton mari m’a expliqué, comme à un fils, que c’est l’amour qui fait scintiller les lucioles ; que nous aussi, si nous atteignons un certain degré d’amour, nous nous mettrons à être lumineux, que les autres verraient l’amour briller en nous, exactement comme les lucioles, car nous sommes des lucioles qui n’ont pas encore aimé. Et là, cette nuit-là, sur la rive droite du fleuve, l’éclair d’un battement de cils, je me suis senti comme lavé, c’est cela Baby Mo, lavé de toutes les iniquités de ma vie. Et rempli d’amour… »
La Mélancolie des barbares
est publié dans la collection « Urgence de la jeune parole », pour les lycéens. Mais c’est en fait un très beau texte pour tous.

La Mélancolie des barbares
de Koffi Kwahulé
Éditions Lansman, 92 pages, 8

Rêves de lucioles Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°106 , septembre 2009.
LMDA PDF n°106
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