Thauma N°7 (feu)
Kôan N°1
L’infini, rien que ça. Qui a dit que les jeunes revues manquaient d’ambition ? Pour son numéro inaugural, Kôan s’attaque à un gros morceau. Poésie, philosophie, littérature, astrophysique et même métaphysique, il fallait au moins ça pour tenter l’ascension d’une notion escarpée. Quelque sens qu’on lui donne – béance, vide, chaos, absolu, néant, totalité –, l’infini, toujours, interroge, interpelle, intrigue, inquiète et les douze contributions de ce volume ouvrent quelques voies d’accès. Mais si on peut autant qu’on veut convoquer l’infini, on ne saurait conclure quoi que ce soit à son propos. La question est trop fuyante. Ce qui, du reste, reflète assez bien la portée du mot Kôan, un terme bouddhiste à comprendre comme un genre d’aporie appelant une méditation sans fin. Bref, ici on retiendra surtout les papiers de Michel Cassé et Valérie Mirarchi, sans doute les plus pertinents dans un ensemble qui flirte un peu trop peut-être avec la tautologie. Logique quand on sait que le signe de l’infini se mord la queue.
KôAN N°1
Éoliennes, 106 pages, 12 €
(9 descente des Chartreux 20200 Bastia)
Le feu : « Un animal sans corps – une âme donc. Mais une âme atrocement, excessivement matérielle… » souligne Alain Cugno dans l’édito de Thauma. La revue de philosophie et de poésie dirigée par Isabelle Raviolo se joue des paradoxes et aime à confronter le volatil et le tangible. Ainsi les précédents numéros évoquaient le corps, l’éros, l’eau, la joie de manière anthologique. Ici, plus d’une centaine de témoignages du monde entier, un énorme brasier de poèmes, de textes philosophiques, sacrés ou religieux. De Mandelstam, en passant par Emily Dickinson, Sapho, Maître Eckhart, Nietzsche ou Kiekegaard. « Même si tu as froid/Ne te chauffe pas au feu/Bonhomme de neige » Sôkan.
Thauma N° 7
Les Argonautes, 480 pages, 20 €
(28 rue Beaubourg, 75003 Paris).
A. D. & D. A.