Quatre bras cassés préparent l’attaque à main armée d’une petite succursale bancaire. Pour le narrateur qui est aussi leur cerveau (ici trois neurones font un cerveau), ce n’est pas un premier coup : il a enchaîné une série de cambriolages ratés, voire désastreux, a goûté aux charmes discrets de la taule et à l’acidité de la honte. Il mène, cette fois, trois pieds nickelés vers un casse auquel il finit par ne même plus croire tant les signes sont contre eux. La perte du seul revolver de l’équipe provoque le report du coup foireux. Le temps pour notre homme de nous narrer les échecs passés dont le moindre n’est pas la fois où, ayant enfin réussi à mettre la main sur une grosse somme, les gangsters amateurs ont oublié leur butin dans la voiture prise pour leur fuite.
On sourit d’autant mieux à la narration de ces contre exploits, que la candeur, pour ne pas dire l’innocence, de nos criminels les rendrait attachants. Stupides, mais sympathiques. Mal barré, le casse fera-t-il exception dans la carrière des quatre acolytes ? Adéquate à son sujet, la langue du livre se taille une syntaxe un peu relâchée mais pas extravagante. La fluidité n’en est que plus assurée.
Écrit sans prétention, le douzième livre de Gilles Moraton ne vise que le pur moment de divertissement. On peut regretter la qualité des premiers de ses romans, plus littéraires, mais au moins ce polar est-il d’une bonne facture. Il est à l’image de ses personnages : il se livre sans résistance. Du plaisir immédiat et pourquoi se compliquer la vie ?
T.G.
Le Monde par les couilles
De Gilles Moraton
Elytis, 204 pages, 12 €
Domaine français Banque directe
mai 2013 | Le Matricule des Anges n°143
| par
Thierry Guichard
Un livre
Banque directe
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°143
, mai 2013.