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Domaine étranger Futur antérieur

mars 2014 | Le Matricule des Anges n°151 | par Thierry Guinhut

La collection Dyschroniques, dédiée à la science-fiction, s’enrichit de deux courts textes.

Dépoussiérer des pépites oubliées. C’est la mission que se sont fixée les éditions du Passager clandestin en déterrant des bibliothèques de la science-fiction un lot de courts romans. Dotés d’une élégante couverture grise, d’un graphisme rouge et noir avec vignette symbolique (menottes, salle de conférence, vaisseau spatial ruiné…), ces dix volumes de la collection « Dyschroniques » invitent à de vertigineuses aventures de la pensée, rien moins que le destin de l’humanité, future, voire présente. Catastrophes écologiques, menaces sur les civilisations, terreur et utopie, crises politiques et religieuses font de ces récits les pièces d’un jeu d’échec interplanétaire, post-apocalyptique et prospectif…
Utopies, dystopies et anti-utopies se distribuent parmi ces titres : après La Tour des damnés (Brian Aldiss) ou Le Testament d’un enfant mort (Philippe Curval), Norman Spinrad, dans Continent perdu, nous entraîne dans les abîmes d’une civilisation américaine défunte, quand Marion Zimmer Bradley, dans La Vague montante, imagine, en rousseauiste impénitent, une société d’abondance frugale qui s’est débarrassée de l’empire des technologies. Les deux nouvelles livraisons sont peut-être les plus remarquables.
Violences, criminalité pourront-elles disparaître ? C’est bientôt chose faite, grâce à l’empathie triomphante, au Royaume de Dieu de Damon Knight. Niaise rêverie ou maturation de l’humanité au moyen de l’éthique de réciprocité ? Une créature venue d’ailleurs, « monstruosité roto-stomachique », pousse par maintes péripéties l’humanité à comprendre le « Qu’il vous soit fait ce que vous faites ». Elle élimine toute cruauté, répand l’amour et la paix, aux dépens des tyrannies et des gouvernements, au profit de sociétés libertaires.
Plus dense est Poul Anderson. Il postule des races humaines venues de planètes exogènes, trapus Skontariens ou gracieux humanoïdes de Cundaloa, à qui, après des conflits meurtriers, s’ouvre La Main tendue. Mais à l’arrogant grossier n’est offerte aucune collaboration, quand la beauté recueille « une aide pratiquement illimitée » au cours d’une réunion des dirigeants soliens. La morale politique est-elle lésée ? Non seulement les psychologies séparent ces peuples, mais aussi leurs éthiques et esthétiques. Code d’honneur brutal pour les uns, hédonisme raffiné pour les autres. « Le génie technicien » est celui des Terriens, quand les Cundaloiens sont « une race de poètes ». La culture de ces derniers devra se plier devant la loi de l’efficacité, disparaître – grâce à « des campagnes d’information », une « modification du système d’éducation » –, et se convertir au « néopanthéisme », avant de devenir pâture à touristes, « aliénée au modèle solien ». Celle des Skontariens, isolée, compte sur ses propres forces pour prospérer et non se soumettre. Certainement devons-nous méditer ces enjeux et préceptes…
Au-delà de l’anticipation, qui figure les siècles, voire les millénaires à venir, on mesure combien la science-fiction est un reflet de l’époque où elle fut écrite. Ainsi, La Main tendue, publié en 1950, fait irrésistiblement penser à la guerre froide, aux affrontements diplomatiques entre les blocs de l’Est et de l’Ouest, à la colonisation. Le Royaume de Dieu, venu de 1954, lors du rejet de la guerre du Vietnam, reste à l’image de nos peurs, de nos désirs de paix et d’amour. La spéculation littéraire se double d’une réflexion civilisationnelle.
On a souvent reproché, à juste raison, à la science-fiction d’agiter des aventures puériles au milieu d’une quincaillerie spatiale, et dans une langue peu soucieuse de richesses stylistiques et d’idées profondes. Ce n’est en rien le cas parmi la plupart des titres des « Dyschro-niques », vade-mecum et apologues politiques. Car ces miniatures science-fictionnelles ouvrent sur le macrocosme philosophique.

Thierry Guinhut

Le Royaume de Dieu
Damon Knight
et La Main tendue
Poul Anderson
Traduits de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Dudon et Maxime Barrière
Le Passager clandestin, 160 et 80 pages, 8 et 6

Futur antérieur Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°151 , mars 2014.
LMDA PDF n°151
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