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Textes & images Les pavés de la mémoire

mars 2014 | Le Matricule des Anges n°151 | par Sophie Deltin

Née en 1942 en pleine Seconde Guerre mondiale, Miriam Katin a 3 ans lors de l’occupation de la Hongrie par les troupes allemandes. Pour les Juifs, l’heure de la persécution systématique a sonné. La mère de Miriam qui n’a plus de nouvelles de son mari parti au front, doit fuir avec sa fille dans les bras, sous une fausse identité, allant au-devant de la mort, de la violence, de la lâcheté des hommes, mais aussi parfois de leur bonté et de leur compassion. Cette tourmente d’une enfance prise dans la Shoah, avec l’errance jusque dans la campagne polonaise, les épreuves et finalement, la survie miraculeuse, Miriam Katin devenue dessinatrice en a porté le témoignage bouleversant dans son album Seules contre tous (2006) – aujourd’hui réédité. À de rares exceptions près, la grisaille et le noir y étaient omniprésents et le coup de crayon rageur excellait à rendre la bascule dans les ténèbres de ces vies en détresse. Dans la lignée d’Art Spiegelmann, Katin réussissait ainsi à faire de la bande dessinée une forme d’expression et de narration capable de raconter un passé aussi tragique que la Shoah. Installée aux États-Unis depuis 1963, Miriam Katin a longtemps travaillé comme graphiste et chef décorateur pour différents studios d’animation avant de se lancer dans la BD.
Dans Lâcher prise, son deuxième roman graphique – et autobiographique lui aussi –, tout semble plus paisible, voire léger. Du temps a passé et la réapparition remarquable de la couleur laisse augurer une rupture de ton. Miriam a désormais 70 ans et vit confortablement aux côtés de son mari musicien dans leur appartement new-yorkais. En réalité, les contours de cette existence se brouillent le jour où son fils lui fait part de sa décision d’aller vivre et travailler à Berlin. Comme des spasmes éclatant des profondeurs du passé, ses souvenirs refont alors violemment surface. D’autant plus que son fils a besoin de son aide pour bénéficier de la nationalité hongroise, seul moyen d’être reconnu comme citoyen européen. La Hongrie, l’Allemagne, Berlin : Miriam éprouve une allergie viscérale vis-à-vis de tout ce qui touche de près ou de loin à cette « terre imbibée du sang des juifs ».
Entre colère, sentiment de trahison et incompréhension, l’auteur met en scène le processus lent et sinueux qui la conduira vers une forme d’apaisement. Il passera notamment par un voyage à Berlin où son travail d’artiste fait l’objet d’une exposition au musée juif. Dans ce cheminement pavé de ressentiments, le recours à l’humour et l’autodérision a une vocation délibérément cathartique. L’angoisse et la nervosité, qui vont jusqu’à ravager son corps, donnent ainsi lieu à des scènes désopilantes. Assumant sa mauvaise foi, ses préjugés et ses jugements à l’emporte-pièce contre l’Allemagne, Miriam Katin joue de ses excentricités, mimiques et gesticulations hystériques à l’appui, très bien rendues par l’expressivité modulée et vibrante d’un trait qui évoque parfois celui du dessinateur anglais pour enfants Raymond Briggs.

Sophie Deltin

Lâcher prise Récit, dessin et couleurs
de Miriam Katin
Traduit de l’anglais par Sidonie Van den Dries
Futuropolis, 152 pages, 22  ;

Les pavés de la mémoire Par Sophie Deltin
Le Matricule des Anges n°151 , mars 2014.
LMDA PDF n°151
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