La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Rimbaud pour modèle

mai 2014 | Le Matricule des Anges n°153 | par Eric Naulleau

Difficile de ne pas songer à L’Arrière-saison. Tout comme le roman de Philippe Besson inventait la vie des quatre personnages du plus célèbre tableau d’Edward Hopper (Nighthawks), Rimbaldo place des pensées dans la tête et des mots dans la bouche de sept habitués d’un hôtel d’Aden, alors sous domination britannique, « ce four occupé par des fous ». Retrouvée par hasard, la photographie date de 1880 et ne présenterait guère d’intérêt si le deuxième à prendre la pose en partant de la droite n’était Arthur Rimbaud – sur l’image pâlie, ses traits évoquent curieusement le jeune Proust. Après Giordano Bruno (L’Homme incendié, 1990), un autre grand brûlé de l’existence inspire ici Serge Filippini, un homme en cavale, un poète passé de l’autre côté du langage : « Le mieux est de se taire et de laisser chacun faire ce qu’il veut. » Bien davantage que le gélatino-bromure d’argent, sa présence et parfois même son absence servent de révélateurs aux six autres modèles, à leurs rêves comme à leurs failles, à leurs secrets comme à leurs fantasmes : « Henri Lucereau considérait cet homme comme un gredin. Le reporter Paul Bourde comme un écrivain renégat à son art, et Felter comme un inverti. La maison Bardey l’avait accueilli comme un employé efficace et fiable. Suel avait fait de lui un compère. Quant à l’intéressé, il confessait des coups de revolver et “un tas d’ordures”. Emilie décida que Rimbaud incarnait l’Homme généreux – son Homme généreux à elle, le voyageur métaphysique. » Généreux, peut-être, mais surtout renfrogné, toujours sous l’impression de traverser « une journée détestable qui durait depuis sa naissance », obsédé par l’idéal petit-bourgeois de se constituer une rente, et sans plus d’humanité que d’aménité envers les trieuses de tabac auxquelles il mène la vie dure en qualité de contremaître. Je est encore un autre. Seul regret à propos de ce beau livre, que l’auteur n’ait pas doté tous les protagonistes d’une biographie aussi complète que celle imaginée pour l’unique femme du groupe.

Éric Naulleau

Rimbaldo
Serge Filippini
La Table ronde, 154 pages, 16

Rimbaud pour modèle Par Eric Naulleau
Le Matricule des Anges n°153 , mai 2014.