La rédaction Eric Naulleau
Articles
Baleine de Paul Gadenne
C’était un blanc sans lumière, un blanc gelé, entièrement refermé sur lui-même, tournant le dos à toute gloire, avec une résignation à peine pathétique, vraiment le blanc d’une baleine qui ne faisait pas d’histoires, qui fuyait l’éloquence et défiait terriblement les mots. » Bel autoportrait. Gadenne/Baleine, nouvelle occasion de découvrir un naufragé des lettres françaises, abandonné sur son île par la postérité. Baleine/Gadenne, Pierre et Odile se tiennent pour l’éternité devant la charogne géante échouée sur une plage du Pays Basque, l’occasion d’une décisive expérience mystique pour...
Rimbaud pour modèle
Difficile de ne pas songer à L’Arrière-saison. Tout comme le roman de Philippe Besson inventait la vie des quatre personnages du plus célèbre tableau d’Edward Hopper (Nighthawks), Rimbaldo place des pensées dans la tête et des mots dans la bouche de sept habitués d’un hôtel d’Aden, alors sous domination britannique, « ce four occupé par des fous ». Retrouvée par hasard, la photographie date...
Un auteur
De guerre sale
Troisième monologue traduit en français d’Horacio Castellanos Moya, chroniqueur inspiré des années sombres du Salvador. Rencontre avec un auteur qui entend des voix.
Après avoir servi au sein des escadrons de la mort contre les « terroristes », l’ancien mercenaire se trouva fort dépourvu quand le temps de la paix fut venu au Salvador. Qu’à cela ne tienne, les exécuteurs des basses œuvres ne pointent jamais longtemps au chômage. Celui qui n’était qu’une vague et fugitive silhouette dans le précédent livre d’Horacio Castellanos Moya (La Mort d’Olga Maria,...
Un livre
Un clown s’est échappé du cirque
de
Eric Faye
Hors-piste
Quand l’homme ne veut plus être un numéro. Quand l’homme ne veut plus faire son numéro. Quinzième livre d’Éric Faye.
C’est une fable expresse, à peine vingt-cinq lignes, qui donne son titre à l’ensemble du recueil fructueuse chasse à l’homme au nez rouge avec hélicoptères, barrages routiers et fusils à seringue hypodermique ainsi conclue : « Les parents ont poussé un soupir ; leurs enfants allaient enfin cesser de regarder dehors et se mettre à leurs devoirs. Demain, en contrôle, ils auraient de bonnes...
Un auteur
Le dernier des assassins
Avec « Le Cœur de la lutte », Philippe Renonçay conclut en noire beauté un triptyque sur la violence politique. Le terroriste vu comme porte-flingue de causes douteuses, mais aussi comme porte-drapeau de l’individu contemporain près de rendre les armes devant l’opacité du monde. Un appel à la révolte ? Non, sire, à la révolution.
Peut-on devenir un ex-terroriste ? C’est une des questions que se pose Raphael Cardoso, tueur en semi-retraite et principal protagoniste du Cœur de la lutte. Et aussi : que faire des idéaux révolutionnaires dans une société post-moderne, où la rébellion n’est plus qu’élément du spectacle du monde/élément du monde du spectacle ? Les livres de Philippe Renonçay se situent dans cet entre deux...
Médiatocs – chronique
Popol et Virginie
L’auteur(e) des Chiennes savantes lorgne à présent vers les Chiennes de garde. Le Manifeste pour un nouveau féminisme de Virginie Despentes ferait plutôt penser à du pipi de chat(te).
Nous sommes redevables au féminisme de quelques avancées décisives dans le domaine des mœurs : à lire King Kong théorie, on s’avise en effet que les cafés du commerce sont devenus mixtes. Prendre connaissance du « manifeste » de Virginie Despentes revient à subir le caquetage d’un pilier de comptoir qui vous crachote à jet continu ses délirantes opinions sur le viol, la pornographie, la prostitution, sans oublier la lutte à mort entre femmes et hommes pour la possession symbolique du pénis. Éprouvant.
On trouve un peu tout et son contraire sous la plume de la patronne du bistro Les...