Après Les Beaux Jours (L’Olivier, 2003), Jean-Christophe Millois publie une longue nouvelle d’une soixantaine de pages. Autant le dire tout de suite : avec cette Sortie de boîte, Millois s’inscrit dans la lignée des grands nouvellistes américains. Comme ses illustres devanciers, son écriture dépouillée mais d’une précision d’orfèvre est au service d’une intensité dramatique qui n’a nul besoin de rebondissement, qui se construit lentement autour d’une intrigue assez simple : à 18 ans, Jacques est désœuvré. Installé chez sa mère, il est déscolarisé et traîne toute la journée avec ses potes et Hélène, sa petite amie. Si ni l’époque ni les lieux ne sont précisés, on devine que l’action se déroule à la fin des années 90, quelque part où l’on s’ennuie ferme. « Aulboy le dimanche, avec ses poivrots accrochés aux seuls bars ouverts du centre-ville, les bagnoles au ralenti après le goûter chez grand-mère et les couleurs électriques des télés qui faisaient grelotter les immeubles. Un tableau barbouillé avec de la gouache baveuse. » Alors, le samedi soir, on va en boîte, on picole, on fume quelques pétards, plus pour passer le temps que pour s’amuser. Hélas pour Jacques, il y a ce contrôle de police. Sa mère, excédée, l’envoie chez son père. Coincé dans un deux-pièces avec sa belle-mère et son demi-frère, Jacques n’a plus rien à faire. Tout en délicatesse, Millois nous décrit la trajectoire d’un jeune homme qui, dans sa solitude, passe tout doucement de l’adolescence à l’âge adulte.
Éric Bonnargent
Sortie de boite
Jean-Christophe Millois
J.C Lattès, « Plein feu », 67 pages, 4 €
Domaine français Sortie de boîte
avril 2015 | Le Matricule des Anges n°162
| par
Eric Bonnargent
Un livre
Par
Eric Bonnargent
Le Matricule des Anges n°162
, avril 2015.