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Histoire littéraire Correspondance 1924-1933

juin 2015 | Le Matricule des Anges n°164 | par Éric Dussert

Après avoir dévoilé les échanges épistolaires de Roger Gilbert-Lecomte & Léon Pierre-Quint puis ceux de René Daumal & Léon Pierre-Quint, la maison Ypsilon poursuit son travail de fond en donnant la pièce centrale tant attendue, en substance les lettres de Gilbert-Lecomte et de Daumal. Deux êtres qui, au sein du groupe des lycéens du Grand Jeu composé avec Roger Vailland et Robert Meyrat, brillent d’une lumière étrange et sombre. C’est donc en quelque sorte une clé de la vie intime du Grand Jeu qui est livrée : entre 1924 et 1933, la teneur des échanges et la température de l’amitié des deux jeunes écrivains, grands brûlés de l’expérience vécue jusqu’au bout.
Roger Gilbert-Lecomte est né en 1907, Daumal l’année suivante, ils disparaîtront à un an d’intervalle, en 1943 et 1944 le corps usé par les drogues ou la maladie. Leurs missives profuses illustrent de 1924 à 1933 les phases de leur relation qui démarre dans le baroque assumé d’une prose potache cherchant sa voie avec jubilation. Ensuite, chacun trace sa propre route. Elles sont différentes, sur des registres presque opposés. Si Gilbert-Lecomte maintient une parole emballée, Daumal est lui porté à poser sa pensée au-delà de l’arbitraire des mots. Emporté par l’opium et les drogues, Roger Gilbert-Lecomte incarne la face la plus ravagée des phrères simplistes, le rêveur rongé par la rêverie, « je ne fous absolument rien, je dors, j’ai froid, jusqu’aux os », écrit-il en 1930. Mais René Daumal, plus laborieux et plus métaphysicien, sera lui-même abattu par son expérience de la tétrachlorométhane dont la chimie lui a défait les poumons. Il va vivre sa vie avec sa femme Vera après avoir servi de garde-malade à Lecomte plongé dans son inextricable enfer intime.
Les lycéens l’avaient annoncé : « Le Grand Jeu est irrémédiable ; il ne se joue qu’une fois. Nous voulons le jouer à tous les instants de notre vie. » Ils tinrent parole et cet aboutissement de la volonté fit vaciller le surréalisme. On peut désormais lire dans ses replis intimes les ressorts de leur révolte et de leur course au néant. Capital.

Éric Dussert

Correspondance : 1924-1933
René Daumal & Roger Gilbert-Lecomte
Édition et postface de Billy Dranty
Ypsilon, 421 p., 35

Le Matricule des Anges n°164 , juin 2015.
LMDA papier n°164
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