La vérité, c’est que je voyais de moins en moins comment tirer de cela un roman. Si l’Histoire (dans son mouvement, sa dynamique et ses causalités) est pour moi une matrice de la fiction, je me sens incapable d’écrire une fiction à partir de faits historiques réels. J’ai besoin de personnages qui vivent, moi, vivent leur vie de personnages, laquelle n’est pas encore écrite au départ et dont je ne sais pas tout. S’il s’agit seulement de broder sur un canevas donné d’avance, je n’ai plus rien à faire là.
J’ai passé quelques semaines enlisée dans ces problèmes de création romanesque, à imaginer des solutions toutes plus fumeuses les unes que les autres ; jusqu’à ce que je commence à me passionner pour mon sujet sans plus me demander ce que j’allais en faire. Le livre serait ce qu’il serait : moi, je voulais savoir.
Et c’est seulement en mars 2013, lors d’un bref retour à Berlin, que j’ai compris que je n’écrirais pas le roman des Mendelssohn mais le roman vécu de ma recherche sur les Mendelssohn, dont je serais le seul personnage répondant à mes critères du personnage de fiction, puisque je ne connais pas d’avance ma propre vie (façon de vous dire que j’ignore absolument où, quand et comment finira ce livre).
La Carte des Mendelssohn, p. 142-143
Dossier
Diane Meur
Extrait
octobre 2015 | Le Matricule des Anges n°167
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