La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Une vie de Gérard en Occident

mars 2017 | Le Matricule des Anges n°181 | par Blandine Rinkel

Une vie de Gérard en Occident

Et si les clichés n’existaient que dans nos têtes ? Et si tout était plus drôle, grave et complexe que prévu ? C’est ce que semble demander François Beaune avec sa Vie de Gérard en Occident, assemblage de témoignages vendéens de « Monsieur Tout le monde » pour élaborer une fiction-documentaire frappante de fraîcheur – digne continuation de celle qu’il esquissait déjà avec La Lune dans le puits, des histoires vraies de la Méditerranée en 2013. Dans la bourgade imaginaire de Saint-Jean-des-Oies (que l’on rapprochera sans mal d’un Saint-Jean-de-Monts en hiver), Gérard Airaudeau, « gauchiste-écolo-fumier » comme le surnomme le fils du maire, prépare la venue de Marianne, députée locale qui souhaite rencontrer « de vrais gens ». Tout en prenant l’apéritif, il divague dans les souvenirs du coin, impressions locales, joies et difficultés de tous les jours, les restituant dans une langue simple, pleine de trouvailles spontanées, à l’attention d’Aman, un réfugié érythréen accueilli chez lui depuis peu. Et puis ? Et puis cela suffit : plus de 120 récits minuscules s’ensuivent. L’un évoquera « l’invasion des réfugiés parisiens » à venir, l’autre ces « enseignants qui ressemblent à une bande de détenus qui cherchent à s’évader », ailleurs on s’attardera sur ce fauconnier déçu et reconverti en fonctionnaire de mairie, autre part de Justine, qui rend Gérard « fleur bleue » et le fait pleurer quand il vient la chercher à la gare, ou encore de la peine qu’ont les Éthiopiens à obtenir un visa parce que « leur dictateur est moins cruel que celui des Érythréens ». Partout des histoires uniques et communes, des idées filantes, des absurdités politiques et de l’humour involontaire. Du vécu humainement singulier, que François Beaune capte avec une attention dénuée de complaisance comme de cynisme, là où, peut-être, une oreille inattentive et pressée n’aurait perçu que le retour du même archétype de la Vendée. Et c’est la force de ce livre que de savoir, à la manière d’une Svetlana Alexievitch, « libérer chaque humain de sa propre banalité » pour récolter l’étrangeté commune des souvenirs de ces personnes qui « ici, ne sont pas mieux qu’ailleurs » mais pas pire non plus, juste ordinairement extraordinaires. Comme l’effet d’une bouteille de Mélusine quand on est assoiffé. 

Blandine Rinkel

Une vie de Gérard en occident de François Beaune
Verticales, 279 pages, 19,50

Le Matricule des Anges n°181 , mars 2017.
LMDA papier n°181
6,50 
LMDA PDF n°181
4,00