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Domaine étranger Dans l’ombre de John Clare

septembre 2017 | Le Matricule des Anges n°186 | par Éric Dussert

Adam Foulds redonne vie au grand poète romantique anglais, enfermé durant vingt-huit ans dans un hôpital psychiatrique.

Le Labyrinthe d’une vie

Comme Jean-Pierre Ohl mettait en scène le grand Dickens dans son récent Chemin du diable (Gallimard, 2017), l’Anglais Adam Foulds propose un aperçu romancé des existences de deux poètes majeurs britanniques, Alfred Tennyson et John Clare. Si le premier (1809-1872), auteur du chef-d’œuvre In memoriam A.H.H. en hommage à son ami poète disparu Arthur Hallam, connut la célébrité et devint le poète lauréat de la Reine en 1850, le second, John Clare (1793-1864), est à peu près ignoré de notre côté de la Manche. Surnommé le poète paysan, créateur considéré comme l’un des plus brillants du royaume et bénéficiaire à ce titre d’une immense popularité, il n’a pas fait vibrer les éditeurs français échaudés par son tempérament rural dépeigné. Il a pourtant tout pour exciter les amateurs de poète maudit et de bucolique profond.
Adam Foulds lui consacre son deu- xième roman en prenant prétexte d’une aventure qui aurait pu rapprocher les deux aèdes. Interné dans un asile dont le « patron » est un homme plein d’idées qui se lance dans l’ébénisterie industrielle, Clare cherche à s’évader bien qu’il souffre de graves hallucinations. Tennyson accompagne son frère gravement mélancolique à l’asile. Les deux hommes ne se croisent pas, mais la vie de l’asile, celle de la famille du directeur aux ambitions industrielles – ses filles sont en âge de se marier –, les élans et songeries des deux poètes donnent à Adam Foulds le prétexte de scènes variées et très visuelles. À se demander si le romancier n’envisageait pas plume à la main la version cinématographique de son ouvrage. Avec des épisodes remarquables où il déploie les dingueries de Clare qui se prend pour Byron ou pour un boxeur redoutable, il y aurait de quoi faire. Clare, assez timbré pour tout dire, cherche avant tout l’échappatoire. Errant à travers les bois comme le poisson file dans l’eau, il fréquente les camps de romanichels et s’oublie dans des nuits ivres de nature, de lune et de rosée. Libéré du cachot solitaire, lancé dans une marche forcenée, le John Clare brossé par Adam Foulds se jette vers le nord du pays pour rejoindre son home. Il donne également l’envie de découvrir ses vers dont voici un court échantillon traduit par Marie et Claude Bugeon (Les Sèvenelles, 2008) : « Je sens que je suis je sais seulement que je suis / Et engourdi et vide je marche péniblement sur la terre / La prison du monde a glacé mon corps de sa mesure / D’ennui et mes pensées levées et détruites / J’ai fui les rêves de la passion pour les solitudes / Mais la lutte continuait – je sais seulement que je suis / J’étais une créature de la race / Des hommes dédaignant / les limites des lieux et du temps / Un esprit qui pouvait voyager à travers l’espace / De la terre et des cieux comme une pensée sublime – / Faisant le monde comme mon Créateur libre / Une âme sans entraves – comme l’éternité / N’ayant cure du vain esclavage de la terre qui avilit l’âme – / Mais à présent je sais seulement que je suis – c’est tout ».

Éric Dussert

Le Labyrinthe d’une vie, d’Adam Foulds
Traduit de l’anglais par Antoine Cazé,
Piranha, 224 pages, 18

Dans l’ombre de John Clare Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°186 , septembre 2017.
LMDA papier n°186
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