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Théâtre À cœur ouvert

mars 2018 | Le Matricule des Anges n°191 | par Patrick Gay Bellile

Face au scandale du Mediator, Pauline Bureau met en scène le récit documenté et sensible d’un combat mené pendant de longues années.

Cela fait longtemps qu’Irène Frachon a entamé son parcours de lanceur d’alerte et que l’affaire du Mediator est devenue emblématique des différents scandales mettant en cause de grandes firmes industrielles. C’était en 2009. Nous découvrions ce médecin pneumologue du CHU de Brest, son énergie et sa volonté d’attaquer les laboratoires Servier et de faire reconnaître leurs responsabilités. Jacques Servier, leur directeur fondateur tout-puissant, avait compris dès le début que son secteur d’activité était très politique puisque c’est l’État qui accorde les autorisations de mise sur le marché des médicaments, et qu’un carnet d’adresses bien rempli garantissait le bon fonctionnement du système. Et pendant des années, Irène Frachon a fait le tour des studios de radio et des plateaux de télévision pour dénoncer encore et encore l’omerta pesant sur une affaire qui a probablement causé la mort de près de 2000 personnes : « des gens empoisonnés qui meurent dans des souffrances atroces, à qui je tiens la main quand ils ne peuvent plus marcher, plus travailler, à peine parler. » Des années que le petit David tient Goliath par les cheveux pour lui faire rendre gorge. Et il semblait bien que tout ait été dit sur cette affaire. Mais Pauline Bureau n’est manifestement pas de cet avis : « Été 2014, j’entends Irène Frachon à la radio. Son courage et sa détermination me touchent. Une héroïne d’aujourd’hui comme j’ai besoin d’en voir sur les plateaux de théâtre. » Elle rencontre ensuite des victimes du médicament, elle leur pose des questions, les écoute, elle entend des choses terribles, et puis elle passe beaucoup de temps avec Irène Frachon, qui est d’ailleurs l’un des personnages centraux de la pièce ; le tout fait l’objet d’une pièce de théâtre qui paraît aujourd’hui chez Acte Sud.
Car tout n’avait pas été dit, ou pas suffisamment, de la dimension personnelle et intime du scandale, et de la souffrance au quotidien des personnes touchées. À partir des différents témoignages, Pauline Bureau imagine un personnage de malade fait de tous les autres et qui les représente : elle l’appelle Claire Tabard. Nous suivons pas à pas son histoire, la découverte de sa maladie, sa responsabilité dans la prise du Mediator mais aussi celle de son médecin traitant : « Je vous prescris du Mediator, vous allez voir, ça marche très bien, ça permet de ne pas stocker tout ce qui est sucre. Et en plus c’est remboursé. Elle est pas belle, la vie ». Tout cela parce qu’elle voulait se plaire, et perdre un peu de poids. Pour elle, pour Jérôme, son ami, et pour Max son petit garçon. « J’ai pris ces pilules pendant des années. Pour rien. Juste pour être jolie. » Et elle va se battre, elle aussi. Seulement, en face, il y a les experts, les protocoles, les procédures, et puis il y a les avocats du laboratoire Servier. Nous assistons à leurs manœuvres, souvent honteuses, pour faire retomber la responsabilité des événements sur Claire Tabard.
En passant du combat politique à l’aventure individuelle, Pauline Bureau redonne à cette histoire toute sa dimension humaine. L’écriture est simple, évidente, journalistique, elle nous aide à comprendre. Elle s’appuie sur des déclarations publiques et sur des entretiens radiophoniques. Elle est au plus près de l’émotion et des douleurs que suscite ce véritable parcours du combattant qu’est le parcours juridique. « J’ai été empoisonnée. Comme dans les contes de fées. J’ai été empoisonnée. Des gens savaient et personne n’a rien fait. Je mets du temps à comprendre ça. À l’envisager. À l’intégrer. Et quand je saisis, elle arrive. Elle est contagieuse. La colère. » Et cette colère, nous avons bien envie de la partager. D’autant plus qu’elle va trouver bientôt à s’exprimer : après des années d’attente, le procès du Mediator ne devrait plus tarder…
Patrick Gay-Bellile

Mon cœur, de Pauline Bureau
Actes Sud-Papiers, 64 pages, 11

À cœur ouvert Par Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°191 , mars 2018.
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