La Moitié du fourbi N°7 (bout de la langue)

La langue est la meilleure et la pire des choses » affirmait Esope, bossu, bègue, boiteux et peut-être inventeur de la fable comme genre littéraire. Quant au bout de la langue, thématique de ce nouvel opus de la revue consacrée à « la littérature et aux appels d’air », qu’en est-il ? Zoé Balthus questionne Pascal Quignard, l’auteur de Le Nom sur le bout de la langue, dont la mère « a complètement perdu l’usage de la langue, a sombré dans l’aphasie et l’agnosie ». Il affirme la défaillance de cette dernière et la prééminence de l’ancienne immersion sensorielle – « l’animalité, l’éros, le jardinage, la chasse, la méditation orientale… » Pierre Senges s’interroge sur cette introduction au livre de Nabokov. « Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir à trois cogner contre les dents. » Le café, son goût est évoqué dans plusieurs textes, notamment dans celui de Laure Limongi qui garde le souvenir de son grand-père corse torréfacteur, des pubs Jacques Vabre et de « l’annihilation de notre culture, de notre langue » par la République jacobine française. Léo Henry s’intéresse, lui, au conlanging, l’invention de langues imaginaires que pratiquèrent Hildegarde de Bingen et Tolkien. Un mot pour qualifier ce N°7, nous l’avions sur le bout de la langue, mais… Peut-être, luxuriant !
Dominique Aussenac
La Moitié du fourbi N°7
114 pages, 14 €