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Poches Crépuscule d’un anti-héros

juillet 2019 | Le Matricule des Anges n°205 | par Lionel Destremau

La famille Holland, chère à James Lee Burke, s’agrandit d’un ancêtre détonnant.

La Maison du soleil levant

James Lee Burke est sans conteste un des géants du roman noir américain contemporain. Son œuvre, composée d’une quarantaine de romans situés entre Louisiane, Montana et Texas, est une montagne faite de pics abrupts et de vastes plaines tortueuses où circulent des torrents furieux (les séries autour de personnages phares, de Dave Robicheaux avec plus de vingt volumes, à Billy Bob Holland et Hackberry Holland). La Maison du soleil levant est le quatrième opus de la dernière série, commencée en 1971 avec Déposer glaive et bouclier, suivi par Dieux de la pluie et La Fête des fous. Le roman se lit bien évidemment de manière indépendante, mais il n’est pas inutile de connaître son positionnement, puisqu’il met en scène un personnage homonyme, le grand-père de Hackberry Holland. Ce Hackberry-là est un Texas Ranger qui a une conception de la justice bien à lui…, a essaimé des maîtresses dans tous les coins de la Frontière, abandonné femme et enfant, et n’aime rien tant que de faire parler la poudre. Une figure d’anti-héros plus que de justicier, portant sur lui l’odeur « du sang qu’il a versé », à qui un juge lui signifie ceci : « j’estime que vous êtes un homme dangereux, incorrigible, qui a vécu trop longtemps ». De fait, ce n’est qu’en vieillissant qu’il finit par éprouver quelques remords le poussant vers une rédemption, dont la première étape sera de retrouver son fils Ismaël, officier dans l’armée américaine.
Nous sommes en 1916, et le voilà parti à sa recherche au Mexique. Après une fusillade et quelques soldats mexicains morts, il se retrouve en possession d’un calice qu’on dit être le saint Graal, et qui va provoquer la colère de Beckman, un trafiquant d’armes autrichien prêt à tout pour faire payer à Holland son forfait. Si le vol de cette relique est la matière première du récit, ce fil improbable (et sans doute un peu discutable) de l’intrigue passe au second plan, servant essentiellement de déclencheur aux multiples péripéties qui vont nourrir la narration. Car c’est bien là tout l’art de James Lee Burke, nous embarquer dans une histoire aux scènes d’actions aussi sanglantes qu’éclatantes et aux dialogues percutants, vibrer aux évocations de la nature des êtres comme des paysages, pour livrer un grand roman crépusculaire aux arrière-plans historiques et sociologiques savamment orchestrés. Ce début du XXe siècle signe la fin des épopées western, et l’Ouest sauvage disparaît progressivement avec l’arrivée de la modernité mais aussi les nouvelles dimensions de la criminalité qui s’internationalise, le choc de la Première Guerre mondiale (avec un passage dans les tranchées de la Marne), la marche d’un capitalisme triomphant, les luttes politiques et la crainte du communisme. « Le temps où je suis né tire à sa fin… Thomas Edison va transformer tout le pays… Les gens comme moi vont se retrouver balayés dans un coin ».
Sur les quinze années que s’étend le roman, le vieux Hackberry, père absent, homme brutal à la morale de cow-boy, se retrouve déphasé au moment il tente de réparer, à sa façon, tout le mal qu’il a pu faire. Et ce sont les portraits de femmes qui prennent alors le dessus : Ruby Dansen, une immigrante danoise, suffragette et syndicaliste, grand amour de Holland et mère de son fils illégitime Ismaël ; la prostituée et aventurière Béatrice DeMolay, et surtout son épouse Maggie Bassett, ancien flirt du célèbre Sundance Kid et dont la beauté et la malignité n’ont d’égales que sa perfidie absolue. Dans une sorte de querelle perpétuelle du Bien et du Mal, Hackberry Holland, en affrontant ses propres démons, cette cruauté qui semble parfois irriguer ses veines, livre le récit d’une Amérique construite sur la violence, qui a certes changé de méthodes avec le nouveau siècle mais pas de paradigme. « Un homme sain d’esprit accepte le monde et, ce faisant, s’y intègre ; l’homme irrationnel et déséquilibré le rejette et cherche à le vaincre, et c’est lui dont on suit les leçons »

Lionel Destremau

La Maison du soleil levant, de James Lee Burke
traduit de l’anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Rivages/noir, 572 pages, 9,90

Crépuscule d’un anti-héros Par Lionel Destremau
Le Matricule des Anges n°205 , juillet 2019.
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