Documentariste pour la télévision, Virginie Linhart est la fille de Robert Linhart, fondateur du Mouvement des Jeunesses Communistes, ami d’Althusser, grande figure de l’extrême gauche de la fin des années 60 et des années 70, auteur notamment de L’Établi (Minuit, 1978). Un père auquel Virginie Linhart a consacré un livre (Le Jour où mon père s’est tu, Seuil 2008) avant d’en consacrer un autre à ses grands-parents paternels, rescapés de la Shoah (La Vie après, Seuil 2012). Pour L’Effet maternel, l’essayiste change de focale : elle n’écrit plus à partir d’une enquête et de témoignages, mais livre, à la première personne, le récit intime de la relation à sa mère, de l’héritage humain qui est le sien. Comment se construire quand on est l’enfant d’un homme admiré mais devenu mutique après sa tentative de suicide en 1981 ? Comment devenir soi quand on porte l’ombre de l’holocauste dans les silences des siens ? Comment, surtout, s’épanouir quand sa mère aiguise sa séduction sur tous les hommes qui approchent de sa fille et vit selon ses bons plaisirs loin des devoirs que la maternité impose ?
Le récit de Virginie Linhart, du plus intime où il puise, parvient à dresser le portrait d’une génération : celle de ceux dont les parents voulurent faire la révolution, ne la firent cependant pas, et oublièrent dans leur émancipation les devoirs qu’ils devaient à leurs enfants. Témoignage rare ancré dans l’Histoire contemporaine, en même temps qu’exercice salutaire de regarder devant soi : « l’écriture n’est en rien un remède, c’est un instrument d’émancipation. »
T. G.
L’Effet maternel de Virginie Linhart
Flammarion, 214 pages, 19 €
Domaine français L' Effet maternel
mars 2020 | Le Matricule des Anges n°211
| par
Thierry Guichard
Un livre
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°211
, mars 2020.