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Domaine étranger It’s only rock Erroll

septembre 2020 | Le Matricule des Anges n°216 | par Jérôme Delclos

La star d’Hollywood se raconte sans filtre. le sexe, l’alcool et les bateaux. Une autobiographie à contre-légende. Réédition.

En dépit de la préface d’Éric Neuhoff qui insiste à le présenter comme « un écrivain », ce n’est pas pour son style qu’on lira Errol Flynn, en comparaison de qui Mike Tyson (La Vérité et rien d’autre) passerait pour Chateaubriand, et Keith Richards (Life) pour Saint-Simon. Flynn, qui se targuait d’écrire, aura négligé de sous-traiter ses Mémoires à un ghost writer. Foin du bandeau, on ne le lira pas non plus pour apprendre du neuf sur le « Hollywood incorrect » : Kenneth Anger nous en avait déjà révélé l’essentiel, en deux tomes.
À quoi bon, alors, s’imposer les Mémoires de Flynn dont Séguier, « éditeur de curiosités », livre la traduction (parue la première fois en 1977 chez Olivier Orban, sous le titre Mes 400 coups) ? Précisément pour cette raison que l’on est toujours curieux des curiosités. La star qui a incarné le Capitaine Blood et Robin des Bois en est une à lui seul, et pas des plus sympathiques. Fugueur précoce à l’âge de 7 ans, il perd à 12 son pucelage avec la bonne, quitte la maison à 17 pour la Nouvelle-Guinée où il pêche à la dynamite, tue un homme, en vend d’autres (des « incorrections » ?) : « On pouvait vendre des Néo-Guinéens, à vingt ou trente livres par tête, aux plantations de copra  ». Il convole avec une enfant contre « deux cochons  » et « une poignée de monnaie de coquillages », l’abandonne vite. Selon les opportunités, il se fait organisateur de combats de coqs, gigolo voleur de bijoux, castreur de moutons « avec les dents ». À Macao, le jeu, l’opium, des femmes encore, dont « Ting Ling » : « Ting Ling. On aurait cru entendre le tintement d’une sonnette de vélo ». Puis Marseille où il voit au bordel « un âne brayant monter une fille  », Londres « avec deux shillings en poche », un faux CV d’acteur, enfin des rôles au théâtre qui le font repérer par des pontes de la Warner, direction Hollywood, et très vite le succès. Entre deux films, il part un temps traînasser dans la guerre d’Espagne, sans bien savoir pourquoi.
Flynn confesse être inconstant en amitié comme en amour, abuser des starlettes, de l’alcool et des drogues. Il a tout vu, tout fait, il sait tout sur la vie, le monde, et surtout, les femmes. Celles qu’il séduit sont « sculpturales » à la « peau de satin » couleur «  de miel », « de maïs mûr », « d’ébène » ou « d’albâtre ». Lui n’aime rien tant que « toutes les merveilles et la diversité du corps féminin » (« Lupe avait le don unique de faire tourner son sein gauche, dans n’importe quel sens, indifféremment »), mais « en fin de compte, se lamente-t-il, elles sont toutes pareilles  », ne s’intéressent qu’au fric.
Las ! Une carrière de sex-symbol peut s’avérer épuisante : « Les femmes venant frapper aux portes de Mulholland house, comme des grêlons pendant l’orage, je devais m’enfermer à double tour  ». D’où des agacements : cinq procès pour viol, d’incongrues accusations de détournement de mineures (« qui donc irait lui demander son extrait de naissance, surtout si elle est bâtie comme Vénus ?  »), sans compter ces harpies qui prétendent qu’il serait le père de leur marmaille. Soupir : « Le sexe opposé m’avait vraiment déçu, d’autant plus que biologiquement parlant, j’en avais besoin  ». Il pochetronne, s’assied au bord du lit pour se tirer une balle dans la tête, mais procrastine : « Au lieu de me tuer, je m’achetai un nouveau bateau  ». Ces bêtes tracasseries ont parfois des conséquences tragiques. Un soir qu’il vient d’avoir avec l’avocat de sa troisième ex-épouse une discussion houleuse, le Capitaine Blood pique un fard : « Je bondis dans ma voiture et commençai à rouler. Je sentis ma roue passer sur quelque chose. Je sortis. C’était Grena, mon chiot teckel, écrasé net. En un instant, ma colère tomba. Je passai tout le reste de la nuit en larmes ».
À 50 ans, Flynn est seul. Prématurément vieilli par l’alcool, il s’est offert pour son anniversaire le 20 juin 1959 une maison en Jamaïque : « Ici, il fait bon vivre. La mer est à la fois ma sœur, mon frère et mes parents ». « J’ai déjà vécu un demi-siècle et pourtant je n’ai pas le sentiment de vieillir  », déclare à la fin de ses Mémoires celui qui se nomme lui-même avec nostalgie « le Baron Flynn, qui fut jadis de la Cour d’Hollywood, et régent de Sa Majesté le Roi du Cinéma, Jack Warner ». Il meurt quatre mois plus tard.
Sic transit gloria mundi.

Jérôme Delclos

Mémoires,
Erroll Flynn
Traduit de l’américain par France-Marie Watkins et Solange Metzger,
Séguier, 408 pages, 18

It’s only rock Erroll Par Jérôme Delclos
Le Matricule des Anges n°216 , septembre 2020.
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