Thomas Depryck est auteur, dramaturge et belge. Et ces deux pièces font chacune appel à une réalité familiale tout à fait classique : l’homme, la femme et l’enfant dans la première, le père, la mère et le fils dans la seconde. Rien à dire. Mais, car il y a un mais, l’homme croise un jour dans la rue un éléphant qu’il s’empresse de baptiser Ganesh et ramène à la maison, quand le père s’énerve contre des moustiques qui l’empêchent de dormir. C’est le point de départ. Ensuite, la vie familiale s’écoule, paisiblement, marquée par les courses à faire, les exigences de l’enfant et les décisions définitives : « Je devrais éviter les barbecues du dimanche ». Finalement, ces éléments perturbateurs ne sont là que pour affirmer très tôt l’humour de l’auteur et l’ironie avec laquelle il voit vivre ses contemporains. Dans la rue, au supermarché, à la banque ou chez le pizzaïolo. C’est assez réjouissant pour le lecteur qui se reconnaît forcément, ici ou là, et vit ces situations par procuration. Thomas Depryck s’amuse et nous amuse, tout en posant des questions qui s’avèrent souvent existentielles : « Et si on mangeait du chien plutôt que du porc ? » Il lui faudra trois pages pour conclure enfin : « On pourrait manger moins de porcs de batterie et plus de chiens abandonnés, non ? » Quant à Ganesh, sa philosophie s’affirme alors qu’il va mourir, de vieillesse : « Tu crois qu’une vie longue vaut mieux qu’une vie bonne ? » Les deux pièces se répondent et mettent en joue le quotidien au moyen d’une langue bondissante, permettant à l’enfant de traiter son père de crétin et de connard autour de la diffusion des Lapins crétins mais finissant par un « Merci papa » des plus ordinaires. Oui, vraiment, Thomas Depryck est drôle. Et son regard affûté nous suggère qu’il faudrait peut-être cesser de chercher des réponses quand il vaudrait mieux poser des questions.
PGB
Macadam circus / Qui dort dîne (ou presque), de Thomas Depryck
Lansman, 92 pages, 12 €
Théâtre Macadam circus / Qui dort dîne (ou presque)
septembre 2021 | Le Matricule des Anges n°226
| par
Patrick Gay Bellile
Un livre
Le Matricule des Anges n°226
, septembre 2021.