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Domaine étranger La Femme traversante, de Chuang Hua

janvier 2023 | Le Matricule des Anges n°239 | par Feya Dervitsiotis

La Femme traversante

En 1976 paraissait aux États-Unis La Femme guerrière (La Croisée, 2022). Fille d’immigrés, Maxine Hong Kingston y sondait son tiraillement entre modernité américaine et ancestralité chinoise, et offrait une synthèse littéraire à ces deux extrémités. Propulsé au statut de classique fondateur de la littérature asio-américaine, ce livre est fréquemment cité par des écrivains comme Viet Thanh Nguyen et Ocean Vuong.
Pourtant, moins d’une décennie plus tôt, en 1968, Chuang Hua avait elle aussi écrit un livre autobiographique sur le même sujet, Crossings, passé inaperçu. Jane Quatre est la quatrième d’une fratrie qui a fui la guerre en Chine pour New York, où leur père fait fortune. Là-bas, il élève ses enfants dans un monde conçu pour eux, qui se passe d’espaces réels mais s’entoure de murs infranchissables d’histoires et de traditions. Lorsque le fils aîné décide d’épouser une blanche, le choc est tel que Jane part à Paris, espérant confusément y stabiliser son identité. À partir de ce milieu géographique jamais nommé, entité abstraite dans un paysage existentiel en recomposition, elle se laisse assaillir par les rives occidentale et orientale de sa vie.
Condamnée à l’entre-deux, Jane Chuang Hua – dont le nom même « procédait à la fois du masculin et du féminin » – traverse sans aucune boussole des seuils, des appartements, des rues et jusqu’au réel, dérapant dans le rêve et les visions. Une multitude de déplacements qui vient camoufler l’immobilisme de cette anti-Odyssée (« dans ma paralysie j’habitais un no man’s land »). Clin d’œil à Kingston, La Femme traversante peine à sortir des cercles universitaires : brouillage temporel et géographique, intensité brutale de l’expression en fondus enchaînés et poésie austère produisent un flottement étrange et continu. Chuang Hua n’a plus jamais écrit après ce texte qui se dissout dans sa propre indétermination, dont il est plus aisé de parler que de le lire.

Feya Dervitsiotis

La Femme traversante
Chuang Hua
Traduit de l’anglais par Serge Chauvin
Zoé, 240 pages, 21

La Femme traversante, de Chuang Hua Par Feya Dervitsiotis
Le Matricule des Anges n°239 , janvier 2023.
LMDA papier n°239
6,90 
LMDA PDF n°239
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