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Domaine étranger Anna Thalberg, de Eduardo Sangarcía

février 2023 | Le Matricule des Anges n°240 | par Feya Dervitsiotis

La figure des sorcières, historiquement persécutées en Europe pendant la Renaissance, est devenue une icône de la pop culture et un modèle de subversion quasi mythologique. Dans son premier roman, le Mexicain Eduardo Sangarcía insiste plutôt sur la violence de cette période, bien réelle et sans issue. On ne peut s’empêcher d’y lire une manière détournée, à travers le passé européen, d’évoquer les féminicides de son pays.
Nous sommes dans le sud de l’Allemagne, autour de 1600. Anna Thalberg commence sur la capture d’Anna et se referme sur son corps au bûcher. Entre les deux, un enchaînement très resserré d’événements – la torture, la confession forcée, les démarches vaines de Klaus son mari et du curé Friedrich pour la sauver –, des incursions dans le passé (pour raconter les rumeurs des voisins puis leur accusation de sorcellerie) et dans le futur (la scène finale du bûcher est annoncée plusieurs fois). Pour accentuer l’imminence dramatique et représenter le déterminisme d’une époque, Eduardo Sangarcía opère un nivellement de toutes les situations et personnages. Pas de majuscule en début de phrase ni de tirets de dialogue, mais un enchaînement des pensées et de la narration, qui fait fi des contraintes géographiques ou temporelles. Sans être le « tour de force stylistique » qu’annonce l’éditeur, ce procédé mime la continuité d’un seul souffle. Rien ne peut sauver Anna une fois que le mot « sorcière » a été prononcé et l’écriture est aménagée sur la page de façon à évoquer cette mécanique inarrêtable. On verrait presque la malheureuse glisser d’un mot à l’autre vers son inéluctable fin.
Souvent, dans cette confusion, l’on ne sait plus qui parle : ce doit être le bruissement de tout une époque. Plus que la situation de crise des derniers jours d’Anna, on se reconnaîtra dans et on se souviendra de la façon dont Sangarcía met en scène la déferlante arbitraire des peurs collectives et les crimes auxquels mène le complotisme.

Feya Dervitsiotis

Anna Thalberg
Eduardo Sangarcía
Traduit de l’espagnol (Mexique) par
Marianne Millon, La Peuplade, 168 p., 18 e

Anna Thalberg, de Eduardo Sangarcía Par Feya Dervitsiotis
Le Matricule des Anges n°240 , février 2023.
LMDA papier n°240
6,90 
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