La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Théâtre Le chant de l’humanité

janvier 2024 | Le Matricule des Anges n°249 | par Laurence Cazaux

La nouvelle pièce de Laurent Gaudé est dédiée « A toutes celles et ceux qui ne se résolvent pas à ce que la vie soit si courte ».

Même si le monde meurt - Ou le tout grand voyage

Laurent Gaudé nous livre une belle pièce chorale à partir d’une situation posée, qui résonne singulièrement à notre époque de réchauffement climatique et de guerres : que se passerait-il si une fin du monde proche nous était annoncée ? Le texte s’ouvre sur une succession de monologues : monologue de la première fissure. Monologue du premier bruit. Monologue du temps coupé en deux. Monologue de la danse  : « Au petit matin, dans le ciel de l’aube, un nuage d’étourneaux apparaît. Tout le monde croit qu’il va danser dans le ciel et faire des volutes étranges, mais les oiseaux se mettent à tourner sur eux-mêmes comme une colonne vivante, puis s’entre-dévorent dans un vrombissement de carnage. Ça commence là. Plus personne ne peut le nier et nos visages se creusent. » Et puis un jour, cinq scientifiques donnent une date et une heure précises : le 17 août à 17h58, le monde n’existera plus. Laurent Gaudé pose alors cette question : est-ce que toute la société volerait en éclats, empêchant toute possibilité de collectif ? Il crée une petite humanité d’une dizaine de personnages, qui vont réagir de différentes façons. Il y a ceux qui ont peur, ceux qui au contraire éprouvent une sorte de libération, ceux qui redeviennent sauvages et violents, sans plus aucune morale, ceux comme le Tout vieux et la Toute vieille qui décident de mourir ensemble avant la fin du monde. Laurent Gaudé raconte : « J’ai à cœur de travailler autour de la question du récit et du chœur. (…) Il s’agira également de travailler sur une langue qui laisse la possibilité de s’échapper du réel. Il faut que le mythe, le mystère et la magie ne soient jamais loin. Cet événement si grand, si terrifiant, de la possible fin du monde se racontera à travers l’utilisation d’une voix épique. Il ne s’agira donc pas d’une pièce construite sur une succession de situations, mais d’un chant tressé de plusieurs voix qui monte du plateau en essayant de saisir l’intensité d’une humanité inquiète mais ardente. »
La magie apparaît avec le personnage de la Mère. La date de son accouchement est prévue après celle de la fin du monde. Alors elle décide de raccourcir le temps de sa grossesse : « (…) Viens, fils. Je te baptise de ma rage et de l’urgence qui nous entoure. Tu es pressé de vivre et moi, de te voir. Je ne faiblis pas. C’est la dernière contraction, je le sens. Ça y est… Regarde. Tu nais. Mon fils. Si grand, déjà… » Elle accouche du Pressé de vivre qui naît homme avec seulement quelques heures devant lui pour découvrir le monde. « Pas le temps du quatre pattes. Pas le temps des hésitations, des gazouillis et des premières dents qui poussent et tombent et repoussent. »
Mais le 17 août à 17h58, le monde ne meurt pas. La pièce se poursuit en une seconde partie. Après le Monologue du couperet suspendu et le Monologue du long silence, la vie reprend. La Femme au tailleur devient la Femme au tailleur qui n’en porte plus, car elle le sait, elle a profondément changé. Le Tout vieux se réveille seul et doit continuer sans la Toute vieille, L’Homme quitté qui tue n’arrive pas à oublier son acte. Et le Pressé de vivre vieillit à toute vitesse. « En une minute, une semaine. En une journée, une année. » Comme si la fin du monde s’était logée en lui seul. La pièce se conclut sur son testament, belle métaphore de notre éphémère passage sur terre : « (…) Vie passée, finie. Jet de pierre qui s’achève en un rien de temps. Et les étoiles, déjà. Qui savent que nous ne sommes rien. Et qui sourient pour faire briller l’obscurité. »
À l’instar des tragédies, Laurent Gaudé nous invite toujours à un grand voyage pour plonger dans notre humanité, effleurer le souffle de vie dans ce qu’il a de plus puissant et de plus fragile.

L. Cazaux

Même si le monde meurt, ou le tout grand voyage
Laurent Gaudé
Actes Sud-Papiers, 64 pages, 13,50

Le chant de l’humanité Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°249 , janvier 2024.
LMDA papier n°249
6,90 
LMDA PDF n°249
4,00