éditions Carte blanche
Ouvrages chroniqués
Fusée N°2
Fusées ne porte pas bien son nom. Sa vitesse de croisière ne lui permettrait pas de longs voyages interstellaires. En revanche, le deuxième numéro de cette revue annuelle mérite largement qu’on prenne le temps de s’y arrêter. Les plus pressés iront découvrir avec quels soins est présenté Réel In bondagede Gérald Moralès (qui colle du papier transparent, support de texte, sur des photos érotiques). Les affamés se jetteront sur les recettes cannibales de Béatrice de Chavagnac, les civilisés commenceront par l’hallucinante introduction de Charles Pennequin, en forme de courrier....
Fusées N°1
Bien profilée, Fusées mêle peinture et poésie, dans une esthétique qui lui confère son unité. Quand les avant-gardes deviennent des valeurs sûres.
Il paraîtra étrange de reprocher à une revue sa trop grande qualité esthétique. C’est pourtant ce que l’on serait tenté de faire face à ce numéro 1 de Fusées. Cette revue annuelle, lancée par le peintre et éditeur Mathias Pérez, regroupe des poètes et des plasticiens. Citons, entre autres, Olivier Devers, Daniel Dezeuze, Hubert Lucot, Christian Prigent ou Claude Vialat, écrivains et peintres que l’on aurait très bien pu voir dans la revue TXT si celle-ci n’était défunte. Il est donc étonnant de trouver ces artistes réunis ici dans un ouvrage sur papier glacé, impeccable -si ce n’est...
Jac Regrouper
de
Hubert Lucot
Avec jac Regrouper,écrit en 1968, Hubert Lucot nous livre son autobiographie, une biographie bien réelle faite de souvenirs, qu’il malmène, qu’il disloque. Trois parties, trois périodes organisent le récit 1915-1955, 1953-1955 et 1956-… Nous assistons au spectacle des personnages, des hommes dans leur rapport particulier au temps : comment celui-ci les transforme, comment il les achève. « Ils se mettaient à table, nappe irriguée de violettes la charcuterie le cristal, l’attendaient l’attendirent puis au long des jardinets de banlieue cherchèrent ( »Chou ?« ) : une pelouse, étendu, du...
Le Père ce matin
de
Charles Pennequin
Avec Ça va chauffer, Charles Pennequin signe son deuxième recueil de poésie. C’est, comme on l’imagine,au père géniteur que le rejeton dédiait son premier livre : Le Père ce matin. (Carte Blanche, 1997). Un recueil d’une trentaine de pages qui, dans la mêlée des publications de poésie contemporaine, laissait un goût de « reviens-y » du point de vue strictement littéraire et un autre de « surtout pas ! » quant à l’univers dans lequel cette poésie prenait forme : « Père ancien sa lie/ me berce le corps / gris lait la nuit, poisse son temps/ à descendre/ pour aller pisser » C’est au fantôme...
La Théorie des ensembles
de
Claude Minière
Le lecteur est un être consciencieux. Souvent même trop consciencieux. Ainsi, comme pour prouver qu’il respecte bien l’auteur, comme pour montrer que la lecture est aussi affaire d’éthique, il commence invariablement sa lecture à la première page pour finir avec la dernière.
Dans ce recueil poétique de Claude Minière (né en 1938), après avoir observé les belles illustrations de Jan Voss, le lecteur découvrira ce vers inaugural : « Je trouve le temps long de la mer entière ». Il croira aussitôt avoir affaire à quelques poèmes consacrés à la mer, adressés à une mystérieuse interlocutrice...