La rédaction Emmanuel Favre
Articles
Conte de la lune
Né en 1894, Boris Pilniak fait partie de cette génération d’écrivains soviétiques (Isaac Babel, Platonov, Ivanov…) qui accompagnèrent la révolution d’Octobre et que Staline surnomma « les ingénieurs de l’âme », leur fixant au passage la ligne éditoriale. L’Année nue, publié en 1922, lui apporte immédiatement la célébrité. Deux conceptions de la révolution y sont exposées : aux pulsions anarchistes et sauvages des paysans, les bolcheviks, « des hommes de cuir en vestes de cuir », opposent le caractère scientifique du marxisme. Pour rendre cette Russie primitive, cette effervescence qui le...
Ingénieur de l’âme
En 1929, Tchevengour, le chef-d’œuvre d’Andreï Platonov est refusé - Gorki reprochant au jeune auteur sa mentalité anarchiste. Publié la même année dans la revue « Oktiabr », Makar pris de doute n’arrangea pas ses affaires. La lecture de ce conte satirique, où un brave paysan cherchant à faire le bien se heurte au pouvoir bureaucratique, devait susciter de Staline un laconique :...
Un livre
Le Septième homme

de
John Berger
,
Jean Mohr
L’armée des ombres
Il y a trente ans, Le Septième Homme de John Berger et Jean Mohr paraissait dans la fameuse collection « Voix » de François Maspero. Ignoré par la presse, ce livre d’images et de textes sur les travailleurs immigrés en Europe n’aura pas le succès escompté, pas plus qu’il ne suscitera le débat ou la solidarité internationale de la classe ouvrière dont rêvaient les auteurs. Il faut dire que le...
Un auteur
Au coeur des ténèbres
Octobre 2000. Emmanuel Carrère se remet tant bien que mal de l’épreuve infligée par L’Adversaire. Ces murs de désespérance, ces histoires d’enfermement qui le précipitent dans des puits sans fond et dessinent « le plan du piège qui doit me broyer » lui sont de plus en plus insupportables. Il souhaite passer à autre chose, se tourner « vers le dehors, vers les autres, vers la vie. » On lui...
Un auteur
Généalogie d’une délivrance
Le nouveau livre d’Emmanuel Carrère, hanté par la figure de son grand-père disparu, propose au lecteur un pacte autobiographique incisif et exigeant. Le reportage, l’érotisme et l’enquête généalogique s’y emboîtent comme des poupées russes et dévoilent le réel.
Visage émacié, cheveux ras, Emmanuel Carrère se dit apaisé. Sans doute les effets de sa nouvelle paternité. Le tapis de jeux de la petite Jeanne, huit mois, trône au milieu de la pièce. Même s’il a conscience de beaucoup s’exposer à travers son nouveau livre, il ne s’en inquiète pas outre mesure : « J’étais beaucoup plus angoissé au moment de L’Adversaire. Là, je ressens même une certaine...