La rédaction Emmanuel Laugier
Articles
Des livres
Recueil collectif de recettes d’hiver
de
Louise Glück
L' Iris sauvage / Meadowlands / Averno
de
Louise Glück
Tout est à ramasser, à sentir
Louise Glück, que le prix Nobel de littérature couronna en 2020, laisse des livres dont les expériences cellulaires indiquent l’éclosion de toutes choses.
Dès ses premiers livres jusqu’à Ararat (1990), encore inédit en français, qui précède de deux ans le livre qui la fera connaître (L’Iris sauvage, prix Pulitzer), on sent chez Louise Glück (née à New York et issue d’une famille juive hongroise) une façon tout à elle de camper les scènes, ouvertes et énigmatiques, de chacun de ses poèmes. À l’exemple de l’un d’entre eux, où la narratrice évoque sa propre absence : « Je ne me vois jamais, debout sur le perron, tenant la main de ma sœur./C’est pourquoi je ne peux pas expliquer/les bleus sur son bras, à l’endroit où la manche se termine »...
Un livre
L' Odyssée
L’Odyssée
On a beau chercher, on ne trouve pas le N°1 de l’Odyssée. C’est peine perdue d’avance, puisque ce premier numéro, intitulé « revue perdue », n’exista que pour donner naissance à cette nouvelle revue, L’Odyssée N°2, « revue littéraire ». Pour la forme : dirigée par une bande de jeunes inconnus (Michaël Dumont, Emmanuel Kruba, Reginald Gaillard) et par l’oiseau Apert, poète et essayiste ;...
La fenêtre immobile
Premier recueil de poèmes d’un professeur de lettres de 37 ans, La Fenêtre immobile, c’est juste le lieu d’où les yeux voient. Il y a des mouvements, des bruits, des éclats de son et de lumière partout, le jour lui-même devient une grande chaufferie grondante. Ce recueil est d’abord un concentré d’énergies. Des fragments de proses qui se mêlent à des vers concis et courts ressort la topologie...
Un livre
Le Grésil
de
Jacques Dupin
Le fouet de la grêle
Le poète Jacques Dupin se bat avec sa langue et nous la jette, en miette : avec Le Grésil, c’est encore ce fond noir du crops qui parle, et secoue.
Dans L’Éboulement (éd. Galilée, 1977), la seule pièce de théâtre que le poète Jacques Dupin a écrite, Ottilia lance à Thomas : « Je n’ai rien à soustraire / rien à donner », qui lui répondra « Excepté l’angle aigu / la pincée de sel / le refuge sous ta paupière… ». Excepté l’angle aigu, excepté ce qui troue l’œil et lui échappe toujours, excepté cette pincée de sel, jetée à la diable sur la...
Un livre
Hors de l’heure
de
Jean-Patrice Courtois
Le souffle coupé
Avec Hors de l’heure, le poète Jean-Patrice Courtois nous confronte aux sautes d’une langue qui ne parvient jamais à se caler avec elle-même.
Il faudrait dire de la poésie de Jean-Patrice Courtois ce que René Char dit, en 1950, de celle de Jacques Dupin : qu’elle a « l’importance que l’on aurait justement refusée aux confidences d’un simple mal d’enfance ». Il faut dire ça à cet auteur qui, à quarante-trois ans, par Hors de l’heure, et après une première publication chez Deyrolle éditeur (Vie inverse, 1992), lance dans le paysage...