La rédaction Emmanuel Laugier
Articles
Des livres
Recueil collectif de recettes d’hiver
de
Louise Glück
L' Iris sauvage / Meadowlands / Averno
de
Louise Glück
Tout est à ramasser, à sentir
Louise Glück, que le prix Nobel de littérature couronna en 2020, laisse des livres dont les expériences cellulaires indiquent l’éclosion de toutes choses.
Dès ses premiers livres jusqu’à Ararat (1990), encore inédit en français, qui précède de deux ans le livre qui la fera connaître (L’Iris sauvage, prix Pulitzer), on sent chez Louise Glück (née à New York et issue d’une famille juive hongroise) une façon tout à elle de camper les scènes, ouvertes et énigmatiques, de chacun de ses poèmes. À l’exemple de l’un d’entre eux, où la narratrice évoque sa propre absence : « Je ne me vois jamais, debout sur le perron, tenant la main de ma sœur./C’est pourquoi je ne peux pas expliquer/les bleus sur son bras, à l’endroit où la manche se termine »...
Un livre
Europe N°1129
(Gerard Manley Hopkins / Stig Dagerman)
La hache d’Hopkins
Le poète anglais ouvre dans l’Europe de la fin du XIXe siècle, par la pratique d’un vers au « rythme abrupt », une modernité qu’il sera le seul à incarner contre l’ordre dominant de son époque.
Plus de vingt ans après les deux rééditions majeures de Gerard Manley Hopkins, celle du choix que firent Hélène Bokanowski et Louis-René des Forêts des Carnets, pages de journaux et lettres (William Blake & co, 1997) et de Grandeur de Dieu (traduit par Jean Mambrino – Nous, 1999), la revue Europe revient vers Hopkins. Il n’est pas anodin que les éditeurs et poètes Jean-Paul Michel et Benoit...
Un auteur
L’épars et l’indivisible
Le volume des Œuvres poétiques d’Yves Bonnefoy, décidé et conçu par lui-même de son vivant, nous donne l’occasion d’évoquer en onze questions croisées entre le poète Alain Freixe et Alain Madeleine-Perdrillat, historien de l’art, l’intensité et la probité de sa démarche poétique.
Lecteurs de longue haleine l’un et l’autre d’Yves Bonnefoy, Alain Freixe et Alain Madeleine-Perdrillat donnent chacun ici à entendre ce que cette poésie a ouvert, depuis le tout début des années 50 jusqu’au quart du XXIe siècle. Ce à quoi elle s’est tenue avec une fidélité rare est leçon d’une émotion telle que Pierre Reverdy l’entendait. Pour Freixe, elle est exemplaire d’une éthique que...
Un auteur
L’imperfection est la cime
La parution des Œuvres poétiques d’Yves Bonnefoy permet de prendre la mesure de la cohérence impressionnante d’un trajet, d’un élan, dont le vœu fut que la transparence vaille dans « des phrases qui soient comme une rumeur d’abeilles », ou comment l’exercice de la poésie peut ouvrir au don d’une autre clarté.
L’œuvre d’Yves Bonnefoy, presque sept ans après sa disparition (le 1er juillet 2016), s’impose à nous aujourd’hui avec une évidence encore plus accrue que celle partagée de son vivant par ses nombreux lecteurs. Celle-ci, sans impatience ni prétention, marque à partir des années 1950, dans la compagnie des poètes Philippe Jaccottet, Jacques Dupin et André du Bouchet, la poésie française qui...
Le mouvement sans hâte du poulpe
Les lignes de sorcières des livres de Pierre Alferi dessinent un art du déplacement. écrire devient une façon d’inventer une autre grammaire.
Qu’est-ce qui commence ainsi l’estomac des poulpes est étonnant/ Si ce n’est un livre une lettre/ Madame l’estomac des poulpes est étonnant le saviez-vous ? » L’incipit de L’Estomac des poulpes est étonnant (L’attente, 2008) est une entrée nette dans l’univers de Pierre Alferi. Il appelle le devenir-poulpe, bras étalés, avancer ou reculer, sans hâte, se déplacer rapidement par propulsion...