La rédaction Emmanuel Laugier
Articles
Des livres
Recueil collectif de recettes d’hiver
de
Louise Glück
L' Iris sauvage / Meadowlands / Averno
de
Louise Glück
Tout est à ramasser, à sentir
Louise Glück, que le prix Nobel de littérature couronna en 2020, laisse des livres dont les expériences cellulaires indiquent l’éclosion de toutes choses.
Dès ses premiers livres jusqu’à Ararat (1990), encore inédit en français, qui précède de deux ans le livre qui la fera connaître (L’Iris sauvage, prix Pulitzer), on sent chez Louise Glück (née à New York et issue d’une famille juive hongroise) une façon tout à elle de camper les scènes, ouvertes et énigmatiques, de chacun de ses poèmes. À l’exemple de l’un d’entre eux, où la narratrice évoque sa propre absence : « Je ne me vois jamais, debout sur le perron, tenant la main de ma sœur./C’est pourquoi je ne peux pas expliquer/les bleus sur son bras, à l’endroit où la manche se termine »...
La Poésie entière est préposition de Claude Royet-Journoud
La nouvelle édition (augmentée) de La Poésie entière est préposition, de Claude Royet-Journoud, dont l’œuvre – patiente (quelque vingt livres en plus de quarante ans d’écriture, quelques revues et anthologies dirigées, quelques traductions) et pugnace – trace une ligne unique dans ce que l’on a appelé, d’abord par simple péjoration, la poésie blanche, ou négative, déplie, dans une forme de...
février 2024
Le Matricule des Anges n°250
Suites Tuoni, d’Eugénie Favre
Deuxième livre d’Eugénie Favre après Ana-Viola (Le Corridor bleu), Suites Tuoni traverse le fleuve Léthé et gagne sur la rive en face Tuoni, le roi du règne des morts (selon les mythologies finnoises). Le livre, en 102 poèmes, aussi ramassés et serrés sur la page que parfois plus spontanément amples et ouverts par une narration secrète, tout en équilibre instable, est un rite de passage....
Condenser, dit-elle
Un choix de lettres, deux essais et des notes de voyage, par Lorine Niedecker, la « plus objectiviste des objectivistes » américaines.
C’est en ouvrant en février 1931 le volume XXXVII, N°5, de Poetry, la grande revue moderniste, que Lorine Niedecker, encore sous influence de Pound et de l’imagisme, découvre cette « nouvelle constellation » de l’objectivisme américain. Le mot « Objectivists », au pluriel, orne le fronton de la revue et de son Pégase aux grandes ailes, il est suivi d’une liste parmi laquelle on lit les noms...
L’ire des vents
Avec Rives de goudron, le poète Philippe Blanchon poursuit une traversée maritime dont les géographies, éparses, ajoutent au rêve d’une musique, pourtant sans consolation.
Rives de goudron, dixième opus du très discret poète Philippe Blanchon, est un livre labyrinthique, dans lequel les embardées déjouent la narration menée en ses huit fugues. Narrations plurielles d’ailleurs, mais toutes comme éventrées de l’intérieur, ou avalées par la même baleine qui avala Jonas. C’est qu’en ses fugues, dont le sens est autant musical qu’elles signifient aussi la fuite et...