La rédaction Feya Dervitsiotis
Articles
Défaire le temps
Roman élastique sur l’enfance et l’oubli, Mon sous-marin jaune de Jón Kalman Stefánsson est un accordéon autobiographique qui s’étire depuis nos jours jusqu’aux années 1970 en Islande.
Un jour de l’été 2022, si proche de celui de notre lecture, un narrateur identique à Jón Kalman Stefánsson se retrouve, dans un parc londonien, face à un fantôme de son enfance : Paul McCartney. Et « les vagues du passé » de tomber sur l’écrivain assis et de le ballotter le temps d’un roman entre ce point de départ et les années 1970 en Islande.
Le petit garçon a 7 ans lorsqu’il apprend, au détour d’une phrase, que sa mère est morte. Il vit à Reykjavik avec son père taciturne. Apparaît une belle-mère. Plusieurs étés de suite, il transporte son chagrin sur les hautes landes islandaises et...
Un livre
Jos Carbone
de
Jacques Benoit
Promenons-nous dans les bois
Du Québécois Jacques Benoit, Jos Carbone, une fable anthropologique sur la violence du désir et des lois humaines. Un texte intemporel.
Soit le récit d’une crise unissant trois hommes et deux femmes, seuls habitants humains d’une forêt. Nuits noires, boue, rosée, hauts sapins, quelques clairières, un marécage. Dans pareil décor, où le ciel est à peine visible, où le crissement des aiguilles de sapin assourdit et où les branchages fouettent les visages, il n’y a plus d’époque et l’humanité cède à ce qu’elle a de plus primitif....
Un livre
Le Café sans nom
de
Robert Seethaler
Un dernier verre
À travers le récit poignant de la vie et la mort d’un café populaire dans la Vienne des années 1970, Robert Seethaler ressuscite un interstice temporel et social.
Les livres de Robert Seethaler tournent le dos au contemporain. D’un pur réalisme, ils semblent d’un autre temps. Le Tabac Tresniek (2014) et Une vie entière (2015), qui le rendent célèbre dans l’espace germanophone, déroulent avec naturel des vies dans l’Autriche du XXe siècle. L’écriture se coule dans le moule de l’existence pour dessiner, avec douceur et mélancolie, les dimensions d’un...
Portrait de l’écrivain en adolescent tourmenté
Dans son quatrième livre, Max Porter raconte la fugue nocturne d’un garçon, en 1995. Une prose orageuse, qui trouble autant qu’elle exalte.
Un charme mystérieux se dégage des livres de Max Porter. Depuis le très novateur La Douleur porte un costume de plumes (Seuil, 2016), cet ancien éditeur britannique décortique ce sentiment dont il nous fait visiter toutes les chambres. Bouleversants et sombres, ses livres tendent vers une timide mais suffisante lumière, située au bout de la douleur. Le lecteur y est fermement mené jusqu’à la...
Faire tomber les écailles
Célébrée par Thomas Bernhard, Ingeborg Bachmann était une figure importante de la littérature d’après-guerre. Réédition de ses pièces radiophoniques – des textes inclassables sur la langue face à l’Histoire.
Chacune de ces quatre pièces radiophoniques, écrites et diffusées entre 1952 et 1958, se situe entre l’essai et la mise en scène d’une lecture. Ingeborg Bachmann y joue plusieurs rôles – « auteur », « narrateur », « speaker », « critique » – pour aborder la vie et l’œuvre de deux écrivains et de deux penseurs, autrichiens et français, du premier XXe siècle. Robert Musil, Ludwig Wittgenstein,...